« Une revue narrative ne repose pas sur des méthodes aussi exhaustives qu’une méta-analyse, avec notamment un protocole détaillé sur la sélection des études, explique au « Quotidien » l’épidémiologiste Thibault Fiolet, premier auteur. Mais l’idée était de proposer aux chercheurs et aux médecins une revue globale des vaccins autorisés. »
L’analyse s’appuie ainsi sur les principales études d’efficacité et essais de séroneutralisation publiés avant le 22 septembre dernier. Les connaissances et données varient selon les vaccins. « Pour ceux commercialisés en Europe (Pfizer, Moderna, AstraZeneca, Janssen) et pour CoronaVac (très utilisé en Amérique latine), de nombreuses données sont disponibles, indique Thibault Fiolet. Pour les autres (chinois, russes ou cubains, notamment), les données disponibles sont issues de communiqués de presse ou des résultats des essais cliniques de phase 3. »
Une « efficacité élevée » pour tous les vaccins
Dans l’ensemble, tous les vaccins ont montré une « efficacité élevée » contre la souche d'origine du SARS-CoV-2 et contre les variants préoccupants et ont été bien tolérés, est-il indiqué. Dans les essais de phase 3, les vaccins à ARNm de Pfizer et Moderna ainsi que le vaccin Spoutnik V affichent l'efficacité la plus élevée contre les formes symptomatiques du Covid-19 après deux doses (> 90 %).
Les vaccins à ARNm (Pfizer, Moderna et CureVac), celui d’Oxford/AstraZeneca et le chinois Sinopharm (CoronaVac) se sont par ailleurs montrés efficaces pour prévenir les formes symptomatiques et les infections graves provoquées par les variants Alpha, Bêta, Gamma ou Delta.
Concernant la protection contre l’infection (symptomatique ou asymptomatique), « les vaccins à ARNm se révèlent beaucoup plus efficaces que les autres avec plus de 90 % d’efficacité juste après la deuxième dose, souligne Thibault Fiolet. Cette protection décline à six mois et tourne autour alors de 42 à 57 % d’efficacité, mais reste un peu plus élevée contre une infection symptomatique. »
Les données d'observation en vie réelle, qui manquent pour une bonne partie des vaccins étudiés, montrent également que la protection offerte par les vaccins de Pfizer et d’AstraZeneca contre l'infection est réduite avec le variant Delta. « La protection est un peu plus élevée contre une infection symptomatique, malgré les craintes initiales d’un échappement immunitaire », précise Thibault Fiolet.
Les effets des vaccins sur la transmission restent difficiles à évaluer par manque de données. Celles disponibles reposent sur des études du taux d’attaque secondaire au sein du foyer d’une personne infectée. Avec les vaccins de Pfizer et d'AstraZeneca, la transmission apparaît réduite dans un cadre domestique avec le variant Alpha. Les données concernant le Delta ne sont pas encore consolidées, mais la baisse de la transmissibilité semble plus faible.
Une balance bénéfice/risque favorable à la vaccination
De plus, les vaccins à ARNm et le vaccin de Janssen sont associés à une baisse plus rapide de la charge virale face à plusieurs variants dont le Delta. « Avec le variant Alpha également, la charge virale apparaît plus basse chez les vaccinés », ajoute Thibault Fiolet.
Les résultats relatifs à la troisième dose ou aux schémas de vaccination hétérologue, associant le plus souvent une première dose d’AstraZeneca ou de Janssen à une deuxième avec un vaccin à ARNm, montrent tous une forte réponse humorale. De même, l’injection d’une dose unique après une infection « a fourni une réponse neutralisante équivalente aux personnes vaccinées avec deux doses contre tous les variants », est-il noté.
Côté pharmacovigilance, les événements indésirables graves sont restés très rares, représentant quelques cas par million de vaccinés. « Les avantages de la vaccination l'emportaient de loin sur les risques potentiels », est-il ainsi relevé.
*Vaccins BNT162b2 (Pfizer), mRNA-1273 (Moderna), CVnCoV (CureVac), AZD1222 (Oxford/AstraZeneca), Ad26.COV2.S (Janssen), Sputnik V (Gamaleya – Russie), NVX-CoV2373 (Novavax), Ad5-nCoV (CanSino – Chine), BBIBP-COrV (Sinopharm), CoronaVac (Sinopharm), COVAXIN (Bharat Biotech – Inde), Wuhan (Sinopharm), EpiVacCorona (Institut Viktor – Russie), ZF2001 (Anhui Zhifei Longcom – Chine), Abdala (Cuba), QazCovid-In (Kazakhstan), KoviVac (Russie) et COVIran Barekat (Iran).