Tout a commencé au lycée : « Le professeur de russe cherchait quelques élèves pour compléter son groupe pour un voyage en Russie, explique Alain Dumur. Moi, je faisais anglais et allemand, mais je me suis inscrit. » Ce jeune Arcachonnais n’imagine pas alors que ce voyage scolaire va changer sa vie. Il découvre Moscou, Tbilissi, Erevan, Bakou, Leningrad… Ce pays-continent, sa langue, son alphabet énigmatique, son histoire, sa culture le fascinent. Il se promet de revenir et de parler russe !
À l’heure des choix professionnels, il opte pour la pharmacie « par… voisinage » : « à Arcachon, se souvient-il, j’avais une officine au coin de ma rue, j’aimais son ambiance, toutes ces petites boîtes bien rangées… Ensuite, j’y ai travaillé tous les étés et, plus tard, j’y ai fait mes stages. »
À la fac de pharmacie de Bordeaux, il n’oublie pas son rêve russe. Deux soirs par semaine, il suit des cours de russe avec d’autres amateurs passionnés et des lectrices soviétiques de l’association France-URSS (nous sommes en 1980, bien avant la chute du rideau de fer). En 1983, son second périple en URSS l’amènera en Sibérie, jusqu’à la frontière chinoise.
Leningrad au temps de la Perestroïka
Pharmacien diplômé, Alain Dumur travaille comme adjoint à Arcachon et La Teste. En 1991, il fait un mémorable stage à Leningrad. Hébergé dans une famille russe, il suit le matin des cours de langue, d’histoire et d’arts dans le palais du Grand-Duc Michel, sur les bords de la Neva… L’après-midi, il se promène dans la ville agitée par la Perestroïka : « Il faut avoir vécu ce moment, souligne-t-il. La liberté, l’ouverture des frontières… Mais la vie était difficile, il y avait des tickets pour tout, ce qui faisait dire à certains Russes : A quoi sert la liberté, si l’on n’a rien à manger ? »
Alain Dumur épouse une pharmacienne charentaise et s’installe à Châteauneuf-sur-Charente en 1992 : « Il était plus facile d’acquérir une pharmacie dans ce bourg de 3 500 habitants qu’à Bordeaux ou Arcachon. Et pour élever des enfants, la vie est plus agréable. »
Plus d’une vingtaine de voyages à Saint-Pétersbourg
Il poursuit l’apprentissage du russe à Angoulême, multiplie les voyages en Russie, fait partager sa passion à sa femme, puis à ses deux enfants. L’association charentaise France-URSS devient Droujba (amitié). Elle regroupe 140 passionnés du monde russe. Alain Dumur en devient le président. Désormais parfait russophone, il organise chaque année un voyage (parfois plusieurs) qu’il conçoit, accompagne et guide. Il est allé plus d’une vingtaine de fois à Saint-Pétersbourg ! Peu à peu, il élargit ses destinations aux anciennes républiques soviétiques (Arménie, Géorgie, Kirghizistan, Tadjikistan, Ouzbékistan, Kirghizistan…) et même à leurs voisins (Iran).
Tous les ans, en décembre, Droujba propose une manifestation de 4 jours à Angoulême* sur un thème culturel russe : le centenaire des ballets russes, le métro de Moscou, Kandinsky, Malevitch… Au programme : exposition photos, vente d’artisanat russe et conférence donnée par… Alain Dumur. Il a même donné plusieurs conférences en Russie. Riche de mille anecdotes, sa russophilie et son immense culture sont connues jusque dans son officine : « Certains clients m’ont vu dans les conférences que je donne dans toute la région, indique-t-il. J’ai même emmené des confrères pharmaciens en Russie. »
Et quand sa passion russe et sa pharmacie lui laissent un peu de temps, Alain Dumur, s’intéresse aussi à… l’Italie. À 57 ans, il a commencé à apprendre l’italien.
* Cette année, la manifestation s'est déroulée du 7 au 10 décembre, à l’Espace Franquin, sur le thème de la Sibérie. Elle devrait être suivie, en 2021, d’un voyage organisé en Sibérie jusqu’au Lac Baïkal.
Contact Droujba sur twitter : @droujba16