En 2016, le marché français de l’automédication devrait rester stable, selon une étude publiée par le cabinet Xerfi*. Comme l’année précédente, il devrait ainsi représenter 2,2 milliards d’euros, soit environ 8 % des dépenses totales de médicaments.
Toutefois, la situation devrait s’améliorer au fil du temps : « Malgré des ventes pénalisées en début d’année 2016 par un épisode grippal de moindre envergure que celui de 2015, celles-ci se redresseront tout au long de l’année en faveur de la bonne tenue des antalgiques généraux, des médicaments de confort articulaire et des produits antitabac », estime le cabinet Xerfi. Et l’année 2017 devrait signer le redémarrage de la croissance pour ce secteur.
Des freins à la française
Toutefois, en France, on ne peut ignorer les freins qui pèsent sur le développement du marché de l’automédication. « Dans l’Hexagone, les patients sont encore très axés sur la consultation médicale, et les médecins ne prescrivent pas des médicaments d’automédication », analyse Rémi Vincente, auteur de l’étude publiée par Xerfi, même si, selon les derniers chiffres de l’Association française de l’industrie pharmaceutique pour une automédication responsable (AFIPA), on note un léger mieux dans ce domaine. Par ailleurs, le périmètre des déremboursements et des délistages est trop étroit pour venir booster le marché de l’automédication : « Lorsqu’une partie de médicaments passe dans le giron de l’automédication, les patients continuent dans un premier temps à acheter leur médicament déremboursé ou délisté, mais au bout d’environ une année cet effet s’estompe car le patient finit par opter pour une alternative remboursable proposée par le médecin. Pour éviter ces reports de prescriptions et amorcer le dynamisme du marché de l’automédication, les industriels de l’automédication réclament des délistages massifs (c’est-à-dire de tous les médicaments concernant une même indication adaptée à la prescription médicale facultative) », avance Rémi Vincente.
Par ailleurs, pour faire évoluer les comportements des patients, les laboratoires ont choisi de communiquer plus intensément vers le grand public. De ce fait, ils misent de moins en moins sur le conseil du pharmacien, qui voit les offres commerciales et les remises intéressantes s’étioler. « Quant au marché des médicaments vendus en libre accès (depuis 2008), arrivé à maturité, il ne représente qu’une stratégie de vente assez limitée étant donné qu’il est soumis à une liste assez restrictive », ajoute Rémi Vincente.
Enfin, les laboratoires développent l’automédication en créant des marques ombrelles qui regroupent des médicaments et des dispositifs médicaux, voire des compléments alimentaires et cosmétiques sous un même nom de marque. Une stratégie qui permet de profiter de la notoriété d’un médicament phare non remboursé, pour commercialiser sous le même nom et le même packaging des produits différents. « Aujourd’hui, cette stratégie s’affirme de plus en plus », constate Rémi Vincente. Toutefois, les marques ombrelles viennent banaliser le médicament, avec les risques de confusion qui en découlent pour le patient. C’est pourquoi les pharmaciens, inquiets, ont tiré la sonnette d’alarme. L’Agence nationale de sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé (ANSM) s’est emparée du sujet et a annoncé un encadrement plus strict de l’utilisation des marques ombrelles. À suivre.
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