Et les cannabinoïdes de synthèse ?

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Publié le 14/06/2018
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Cela fait environ quarante ans que les pharmacologues testent des cannabinoïdes de synthèse, c’est-à-dire des molécules capables de mimer les effets du principal constituant psychoactif du cannabis, le THC.

Étant passés du laboratoire à la rue, certains agonistes des récepteurs du tétrahydrocannabinol (THC) sont accessibles sous les noms de « K2 », « Spice », « Gold », « Silver » ou autres. Le marché clandestin s’est ouvert à ces substances dès le début des années 2000 en Europe, vers 2006 aux États-Unis, et l’on en compte actuellement environ 130 différentes en Europe dont plus de 30 ont été détectées en France, dans des mélanges à base de plantes à fumer ou présentés comme « encens ». Ces produits sont généralement vendus sur Internet et dans les « head shops » de certains pays de l’Union européenne, sans que la présence de ces molécules soit toujours indiquée à l’usager.

Ces agonistes cannabinoïdes manifestent pourtant une affinité souvent très supérieure à celle du THC, d’où des effets psychiques plus puissants de 2 à 200 fois supérieures.

Ceci explique les cas préoccupants observés depuis une décennie aux urgences des hôpitaux liés à l’usage de ces substances : convulsions, signes cardiaques sévères, lésions rénales, accidents vasculaires mais aussi anxiété et épisodes psychotiques. Des travaux récents ont montré que ces molécules puissantes n’agissaient probablement pas que sur les récepteurs du THC mais perturbent en cascade de nombreux autres circuits de neuromédiation. Si l’usage du cannabis en tant que végétal ne semble pas associé à la survenue de décès, plus de 20 morts l’ont été à celui de cannabinoïdes de synthèse en dix ans aux États-Unis. De plus, en achetant ces produits, les usagers ignorent quelle est la nature exacte de l’agoniste ou du mélange d’agonistes (souvent entre 3 et 5) et la quantité de chacun d’eux dans la formulation de la drogue.

Ces cannabinoïdes de synthèse ne doivent pas être confondus avec le THC d’e-cigarettes (en fait des « joints électroniques ») désormais commercialisées dans certains pays et dans les états américains ayant légalisé l’usage du cannabis. Elles permettent, sur le modèle des inhalateurs thermiques, de consommer le principal principe inébriant du cannabis en s’affranchissant de la toxicité des hydrocarbures volatils et de la nicotine souvent associés dans les « joints ».

N. T.

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3444