POUR la troisième année, l’Association française de l’industrie pharmaceutique pour une automédication responsable (AFIPA) publie les résultats de l’Observatoire européen sur l’automédication. Ce dernier est mené par Celtipharm dans huit pays européens (France, Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Espagne, Italie, Suède et Royaume-Uni). L’édition 2015 vient confirmer le retard de la France en matière d’automédication. En effet, les médicaments de prescription facultative ne représentent que 15,4 % du marché en volume (un taux en baisse de 0,4 % par rapport à 2013) contre 32,3 % en moyenne dans les autres pays observés, ce qui place l’Hexagone en queue de peloton avec l’Italie (12,3 %) et l’Espagne (11,7 %). Autrement dit, en 2014, l’automédication représente près d’un médicament sur 7 en France, contre un sur 3 dans les autres pays étudiés. L’étude relève également que la part de l’automédication en Europe ne se développe plus (passant de 32,6 % en 2013 à 32,3 % en 2014 dans l’ensemble des pays étudiés), excepté en Allemagne (44,5 % à 44,8 %) et en Espagne (8,7 % à 11,7 %), ces deux pays ayant enclenché des changements politiques majeurs afin d’augmenter la part de l’automédication.
L’Espagne, exemple à suivre ?
Ainsi, en Espagne, si le réflexe d’automédication est encore timide, la situation est en train d’évoluer à vitesse grand V. Il faut dire que le gouvernement y a mis du sien, notamment en publiant en 2012 une loi royale détaillant 417 spécialités qui seront désormais délistées. Parmi elles, des antiacides aux sels d’aluminium ou de magnésium, des laxatifs, des anti-hémorroïdaires topiques, des mucolytiques, des collyres… « Même si l’automédication en Espagne reste en deçà du niveau de la France (avec un taux de 11,7 % contre 15,4 % en France), au rythme où elle progresse, elle ne devrait pas tarder à nous doubler », estime Pascal Brossard, président de l’AFIPA, qui propose de nous inspirer de cet exemple. « Il suffirait simplement de publier en France une liste de produits à délister, en mettant toutefois en œuvre certaines mesures d’accompagnement : information des patients, formation des professionnels de santé et soutien financier pour les populations en difficulté économique. » Autre idée suscitée par l’AFIPA : que les autorités de santé définissent les pathologies pour lesquelles la société prendrait en charge un médicament, et les pathologies pour lesquelles ce médicament serait pris en charge par les individus, afin que le petit risque de santé ne soit plus à la charge de la collectivité.
Mais l’adoption de ces mesures ne semble pas à l’ordre du jour dans l’Hexagone. « Aucun délistage n’a été effectué en 2014, et seulement 7 molécules risquent de l’être d’ici à la fin 2016 », relève Pascal Brossard, qui assure que, pourtant, toutes les conditions sont réunies dans notre pays pour favoriser l’automédication. « Nous avons un potentiel de délistage important : 90 molécules disponibles sur prescription en France sont délistées dans les autres pays européens étudiés. De plus, les prix des médicaments de prescription facultative français sont parmi les plus bas d’Europe, avec une moyenne de 4,58 euros (prix ramené à 6,03 euros si l’on ne considère que le non remboursable) contre 6,16 euros en moyenne dans les autres pays étudiés. Enfin, nous disposons avec les pharmacies d’un circuit de distribution sûr, efficace et bien réparti. L’automédication mérite donc d’être soutenue », conclut Pascal Brossard, qui croit en une automédication responsable et inscrite dans la politique de santé.
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