PRÉSENTÉ comme l’un des mesures phares pour la profession de la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST), le pharmacien correspondant aurait-il aujourd’hui du plomb dans l’aile ? Peut-être bien, à en croire les conclusions du rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) sur l’évolution de la rémunération, des missions et du réseau. « Cette procédure est particulièrement lourde pour les diverses parties prenantes, écrivent les auteurs. La responsabilité d’établir des protocoles est confiée théoriquement à des acteurs de terrain. Il s’agit pour eux d’un exercice particulièrement délicat que les guides méthodologiques de la HAS peuvent favoriser mais dont ils révèlent aussi toute la complexité. »
L’IGAS souligne également que cette mesure, souhaitée par la profession pharmaceutique, même si les modalités retenues ne font pas l’unanimité en son sein, rencontre une forte hostilité de la part des médecins. « Lors des entretiens avec la mission, leurs représentants ont fait part de leur très forte opposition à cette disposition qu’ils estiment être un « transfert de tâche vers une profession moins compétente » », expliquent les inspecteurs. Les confrères apprécieront.
De nombreux obstacles.
En ce qui concerne la rémunération de cette nouvelle mission, l’IGAS fait remarquer que les administrations concernées n’ont défini ni ses modalités ni son niveau. « Le pharmacien devrait être rémunéré pour cet acte en fonction de la charge de travail induite. Or, les protocoles étant définis au niveau local, le contenu de l’acte peut varier selon les protocoles », souligne-t-elle. Au total, les auteurs du rapport concluent que « la mission ne peut pas préjuger du succès de ce dispositif mais estime que son déploiement se heurtera à de nombreux obstacles ».
Une position qui ne choque pas la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). « Je n’ai pas de problème avec cette supposée « attaque » contre le pharmacien correspondant, explique son président, Philippe Gaertner. Nous avons toujours estimé qu’il s’agissait d’un processus lourd. » Sentiment partagé par Frédéric Laurent, président de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF). « Nous sommes d’accord avec l’IGAS sur la « lourdeur » de la mise en place du dispositif détaillé dans le décret », indique-t-il. Sans tout renier, les deux syndicats préféreraient que la possibilité offerte aux pharmaciens de pratiquer certains actes s’effectue au travers d’un dispositif national.
Du côté de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), en revanche, on n’apprécie guère la charge contre le pharmacien correspondant. « Dégommer ce nouveau statut comme le fait le rapport de l’IGAS, est scandaleux, s’indigne son président, Gilles Bonnefond. Il est clairement écrit qu’il s’agit d’une délégation de tâches du médecin vers le pharmacien. Les prescripteurs n’ont rien compris, le pharmacien ne change pas la posologie de son propre chef. En accord avec le médecin, son intervention permet de certifier un changement de posologie sans avoir à rédiger une nouvelle ordonnance. »
Une alternative.
Toutefois, Gilles Bonnefond n’aurait rien contre la proposition de l’IGAS de permettre aux officinaux de renouveler certaines prescriptions après un bilan pharmaceutique, sur la base d’un protocole national établi par la HAS. En revanche, il ne souhaite pas que cela vienne en remplacement du pharmacien correspondant, comme le suggèrent les auteurs du rapport. « Ce n’est pas une mauvaise idée, à condition de ne pas en faire une alternative au pharmacien correspondant », estime le président de l’USPO.
Mais, pour l’IGAS, il s’agit bien de substituer l’un par l’autre. Le schéma proposé, expliquent les auteurs du rapport, « s’apparente au dispositif du pharmacien correspondant mais il en diffère sur plusieurs points : la possibilité de modifier les posologies n’est pas ouverte car la modification des posologies est l’indice que le patient n’est pas stabilisé et doit a priori revoir son médecin ; il n’est pas nécessaire que soit désigné un pharmacien correspondant, le renouvellement pouvant être opéré par tout pharmacien choisi par le patient ; le protocole national, parce qu’il définit le contenu de l’acte, permet d’apprécier la charge de travail associée et donc de calibrer le niveau de sa rémunération ».
Quoi qu’il en soit, comme pour le pharmacien correspondant, les inspecteurs ne semblent pas convaincus que leur dispositif de renouvellement de la prescription après bilan pharmaceutique est un réel avenir. Ce dispositif « pourrait éventuellement intéresser certains médecins surchargés, soulignent-ils. La mission est cependant consciente que, dans leur très grande majorité, les médecins seront très réticents à l’utiliser. Une telle possibilité n’est ni attendue, ni même souhaitée. En tout état de cause, si elle était mise en place, elle ne serait qu’une option mise à la disposition du corps médical ». À bon entendeur…
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