1 Droits et devoir du pharmacien
Face à une urgence, les pharmaciens sont soumis à une obligation de moyens. Ainsi, l’article 223-6 du code pénal condamne l’abstention volontaire de porter assistance à une personne en péril et la punit de cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende, lorsque la situation est « sans risque pour lui ou pour les tiers ». Cette obligation est complétée par l’article R. 4235-7 du code de la santé publique : « Tout pharmacien doit, quelle que soit sa fonction et dans la limite de ses connaissances et de ses moyens, porter secours à toute personne en danger immédiat, hors le cas de force majeure. » Enfin, l’article 121-18 du code pénal stipule qu’il y a délit en cas de « manquement à une obligation de prudence ou de sécurité prévue par la loi ou le règlement, s’il est établi que l’auteur des faits n’a pas accompli les diligences normales compte tenu, le cas échéant, de la nature de ses missions ou de ses fonctions, de ses compétences ainsi que du pouvoir et des moyens dont il disposait ». Cette nécessité d’action s’accompagne d’une atténuation de la responsabilité pénale si l’action du sauveteur avait des conséquences néfastes (article 122-79 du code pénal).
2 Formation et validité
Depuis 2003, la formation aux premiers secours est obligatoire dans la formation initiale des pharmaciens et la plupart des officinaux ayant fait leurs études avant 2003 ont choisi de s’y former. « On s’aperçoit en formation continue qu’environ un quart des pharmaciens n’ont pas suivi de formation initiale (…) et pour ceux qui l’ont suivi, celle-ci remonte à plus de 17 ans ! », indique Jean Occulti, pharmacien moniteur de premiers secours*. La formation initiale prévoit l’obtention de l’attestation de formation aux gestes et aux soins d’urgence de niveau 1 (AFGSU-1) en 2e année de pharmacie, et celle de niveau 2 en 4e année. Cette attestation demande une actualisation des connaissances tous les quatre ans pour être valable. Elle peut être complétée par l’AFGSU spécialisée, dédiée aux risques dits NRBCE (nucléaire, biologique, radiologique, chimique, explosif), qui demande une réactualisation des connaissances tous les deux ans.
3 Tiroir et trousse d’urgence
La mise en place d’un tiroir ou/et d’une trousse d’urgence permet de répondre à tout besoin de premiers soins avec un matériel adapté et fiable. Il existe des formations pour aider les officinaux à définir le contenu de la trousse, son approvisionnement et le contrôle des produits, de la documentation et de la liste des numéros d’urgence. Le contenu est propre à chaque officine, en fonction de sa situation géographique et du profil des victimes potentielles, même s’il existe quelques indispensables : ciseaux sécurisés, couverture isotherme, antiseptique en unidose, compresses, sparadrap… Pour l’efficacité en cas d’urgence, mieux vaut ranger les médicaments par ordre alphabétique, conserver chaque produit dans son emballage d’origine, regrouper les produits par catégories… et s’assurer que toute l’équipe connaît l’emplacement de la trousse.
4 Défibrillateur
L’équipement des officines en défibrillateur automatique est encore insuffisant, mais on note une nette amélioration ces dernières années, notamment grâce à l’implication de groupements tels que Giropharm, Univers Pharmacie ou le groupe PHR qui équipent leurs adhérents, ou par l’action de collectivités territoriales qui décident de fournir ce type d’appareil aux officines d’un territoire donné. À noter également des offres de laboratoires, comme le génériqueur Zydus qui forme les pharmaciens à l’utilisation d’un défibrillateur et leur prête l’appareil.
5 Le risque nucléaire
La formation aux gestes et soins d’urgence de niveaux 1 et 2 comprend un enseignement dédié aux risques collectifs, qui aborde l’organisation des secours en situation d’exception et plus particulièrement le risque NRBCE. Cette formation peut être complétée par un module spécifique qui permet de former des équipes capables de gérer des victimes tout en permettant aux établissements de santé de continuer à fonctionner. Pour les pharmaciens d’officine, l’intérêt peut paraître moins évident, excepté pour ceux qui sont installés à proximité d’une centrale nucléaire, car ils sont les garants de la disponibilité des antidotes et de leur dispensation, mais aussi des conseils sur ces produits en direction des médecins. Les capsules d’iode sont ainsi stockées pour fournir les personnes vivant dans un rayon de 10 km autour d’une centrale nucléaire.
6 Les urgences vitales et potentielles
Les urgences vitales sont rares en pharmacie mais mieux vaut y être préparé. Le but est de savoir quoi faire en attendant l’arrivée des secours : mise en position latérale de sécurité, libération et protection des voies aériennes supérieures, ventilation artificielle, administration d’oxygène, réanimation cardio-pulmonaire, arrêt d’une hémorragie… Les urgences potentielles concernent plus largement les malaises, traumatismes, plaies, brûlures, convulsions, etc. Il faut aussi savoir réagir face à une urgence psychiatrique. Là encore, l’AFGSU permet d’envisager le comportement à avoir face à des états d’agitation importants ou des états dépressifs majeurs.
7 Les urgences pédiatriques
Domaine spécifique, les urgences pédiatriques demandent des connaissances particulières, soit que les troubles identifiés n’existent que chez l’enfant, soit que la façon de traiter le problème diffère lorsqu’il s’agit d’un enfant. Il en est ainsi des techniques de désobstruction. Les urgences pédiatriques concernent généralement des états fiévreux ou en hypothermie, des plaies, morsures, piqûres, brûlures, épistaxis, convulsions, etc. Mais aussi des crises d’asthme, la présence d’un corps étranger dans l’œil, le syndrome du bébé secoué, la maltraitance…
8 La contraception d’urgence
La contraception d’urgence hormonale est disponible en pharmacie sans prescription médicale depuis 2001, et elle est gratuite et anonyme pour les mineures sur simple déclaration orale depuis 2002. L’urgence tient au fait que la « pilule du lendemain », pour être efficace, doit être prise le plus tôt possible après un rapport sexuel non protégé, de préférence dans les 12 heures qui suivent et au plus tard dans les trois jours. Le rôle d’information du pharmacien est ici primordial pour expliquer le traitement et orienter l’utilisatrice vers un médecin, une sage-femme ou un centre de planification et d’éducation familiale.
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