La profession a besoin d’un nouveau souffle, déclare Gille Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine. Car, affirme-t-il, après trois années « qui auront coûté 300 millions à la profession et autant de chances d’évoluer », les pharmaciens doivent trouver de nouvelles perspectives d'évolution. Selon lui, le 1er janvier, qui a donné le départ de la nouvelle convention pharmaceutique, augure de ces mutations. Les mécanismes mis en place par l’avenant 11, que l’USPO a été le seul syndicat représentatif à signer, devraient permettre à la profession d’envisager l’avenir avec plus de sérénité. D'après ses analyses, cet avenant promet en effet une désensibilisation progressive de l’activité de l’officine à la baisse des prix et des volumes de médicaments.
Ne pas attendre pour commencer les bilans de médication
Gilles Bonnefond insiste par ailleurs par le changement de paradigme apporté grâce à cet avenant dans les relations entre la profession et l’Assurance-maladie. Des modifications substantielles, selon lui, puisque « le pharmacien est désormais considéré comme un professionnel de santé, un partenaire acteur de prévention, de dépistage, de suivi des personnes fragiles ».
Entre autres exemples, le président du syndicat en veut pour preuve de ces mutations l’accès des pharmaciens au dossier médical partagé (DMP). Ou encore la mise en place des bilans de médication. Il enjoint du reste les titulaires à s’y engager dès aujourd’hui et à ne pas attendre la publication du décret au « Journal officiel ».
À l’aune des premiers jalons jetés par l’avenant 11, les différentes instances de la profession, l’Ordre, les groupements et les étudiants, ainsi que les représentants de l’industrie et des patients, sont invités le 31 janvier, lors des 10es rencontres de l’USPO, à s’exprimer sur leurs visions d’avenir. Cependant, les mutations de ces trois prochaines années ne se limiteront pas au seul cadre de la convention pharmaceutique. Gilles Bonnefond rappelle que la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS 2018) insuffle, elle aussi, une nouvelle dynamique à la profession en lui offrant de nouvelles pistes d’évolution. Ainsi l’article 51 énonce un cadre favorable à l'émergence d'organisations innovantes, y compris à la coordination dans des équipes de soins primaires, tandis que l’article 54 prévoit la prise en charge de la télémédecine.
Aux pharmaciens de se saisir de ces opportunités, martèle Gilles Bonnefond, soulignant par ailleurs que la stratégie nationale de santé 2018-2022 les y incite également. Du reste, Eric Badonnel, secrétaire général de l’Unocam, Cécile Courrèges, directrice générale de l’offre de Soins (DGOS), ainsi que Nicolas Revel, directeur général de la CNAMTS, et Olivier Véran, député rapporteur général du PLFSS 2018, seront invités lors de cette journée à débattre de ces nouveaux rôles du pharmacien.
Ouvrir le débat de la médication officinale
Reste à fournir aux titulaires les moyens à la mesure de ces objectifs. L'avis du Conseil d'État rendu le 15 janvier devrait permettre de débloquer la situation alors que certains textes d’application sont toujours en souffrance. Le décret relatif aux nouvelles missions est en effet très attendu de la profession car, rappelle Gilles Bonnefond, il permettra d'ouvrir la voie à certains services tels que la dispensation à domicile. Autre domaine où l’officine pourrait prendre davantage d’envergure : le sevrage tabagique. « Pourquoi ne pas donner aux pharmaciens la possibilité de mettre en place des entretiens motivationnels afin de permettre aux patients de sortir de cette addiction ? », propose-t-il.
De manière plus large, l’USPO souhaite susciter la réflexion sur la médication officinale à l’heure où instituts de prévoyance, assureurs complémentaires et mutuelles se saisissent de nouveaux champx d’intervention. Alors que l’Autorité de la concurrence relance la question de l’ouverture du marché de l’OTC, ce chantier est plus que jamais d'actualité.
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