Le séisme qu’a provoqué l’affaire Mediator dans notre pays est sans précédent. En même temps que des enquêtes sont en cours pour mieux comprendre les manquements qui ont conduit à cette situation, des propositions vont être faites pour que la santé publique soit vraiment prioritaire.
Chose étrange néanmoins : sur cette affaire de médicament, aucune diffusion de témoignages de pharmaciens confrontés à des prescriptions de Mediator. De manière identique, tout ce qui avait pu se vivre avec Vioxx, Accomplia, Sibutral… avait été passé sous silence. Inutile d’insister pour dire que cette situation tout à fait inconfortable perdure : face à des prescriptions de médicaments dont le rapport bénéfices/risques reste problématique, face à la prescription de médicament dont l’ASMR est bien faible par rapport à des molécules relativement anciennes et ayant prouvé leur intérêt, face à des prescriptions hors AMM, ou encore lors d’une insuffisance de prise en compte des facteurs de risques… Dans ces conditions, comment assurer pleinement notre responsabilité de pharmacien ?
Notre champ de compétence ne doit-il pas évoluer ? Un nouvel outil nous est promis afin d’accélérer les envois vers les centres régionaux de pharmacovigilance. Mais ne faudrait-il pas aller de l’avant pour gagner en indépendance ? À l’instar de ce qui se fait déjà lors des alertes de retrait de lots défectueux, certaines instances (par exemple l’Ordre ou l’Académie) ne pourraient-elles pas imaginer l’envoi régulier vers chaque officine d’un bulletin répertoriant les effets préoccupants de médicaments, suite à des rapports convergents de centres de pharmacovigilance ? Ainsi aurions-nous une trace émanant directement de notre profession et nous permettant d’assumer un dialogue constructif avec les prescripteurs.
Car c’est bien le dialogue prescripteur-dispensateur qu’il est nécessaire de promouvoir dans l’intérêt des patients. Un dialogue qui doit, avec le temps, instaurer des rapports de confiance réciproque. N’est-ce pas dans ce sens d’ailleurs que nous devons aller si nous voulons adhérer à ce que nous propose la loi HPST : pharmacien correspondant, pharmacien référent, pharmacien chargé d’éducation thérapeutique ? Ces missions ne peuvent prendre forme et se généraliser que si nous osons instaurer une dynamique de travail avec d’autres.
L’impératif primum non nocere nous pousse vers une culture du dialogue entre professionnels pour la pratique d’une éthique de responsabilité. Quant aux difficultés auxquelles nous sommes confrontés lors de prescriptions « difficiles », ne seraient-ce pas elles qui nous conduisent pas à adopter une véritable posture d’acteur de santé publique ?
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