Accessible au niveau national depuis cet été, le dispositif ASAFO (pour « Alerte sécurisée aux fausses ordonnances ») commence peu à peu à être pris en main par les pharmaciens même si quelques bugs restent encore à corriger.
À l’occasion d’une réunion le 15 octobre, les représentants des pharmaciens ont fait le point avec l’assurance-maladie sur de nombreux dossiers en cours et notamment sur le déploiement de l’outil ASAFO. Depuis le 2 août, ce dispositif qui sert à la fois à signaler et à vérifier des ordonnances potentiellement frauduleuses peut être utilisé par tous les officinaux et plus uniquement par ceux installés en Île-de-France comme c’était le cas auparavant. Une évolution souhaitée par l’assurance-maladie, qui a fait de la lutte contre la fraude l’une de ses priorités.
Selon les premiers chiffres communiqués par la CNAM, 3 000 pharmaciens se seraient déjà connectés à ASAFO aujourd’hui. « En tout, 1 800 signalements ont été effectués par les officinaux dont 1 000 ont été vérifiés par la CNAM, complète Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Dans 85 % des cas analysés par la CNAM, il s’agissait bien de fausses ordonnances. Ce qui signifie donc que, dans 15 % des cas, les médecins contactés ont assuré qu’il s’agissait en fait d’ordonnances valables. Cela démontre donc à quel point il est important de vérifier auprès des prescripteurs », souligne le président de la FSPF.
D’autant que le système ne paraît pas à 100 % fiable, comme le dénonce Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). « Il arrive ainsi qu’ASAFO ne reconnaisse pas un nom parce qu’il est orthographié en minuscule, ou a contrario en majuscule et qu’il n’a pas été répertorié dans le système comme il est renseigné par le pharmacien. Sans compter que l’accentuation n’est pas toujours intégrée… », constate le président de l’USPO. Résultat, des patients ne sont pas reconnus ou à l’inverse, des alertes sont émises à tort. Un défaut de sensibilité à la casse qui avait déjà été repéré cet été… Et qui a été à nouveau signalé à la CNAM lors de ces échanges. L’objectif était en effet de rappeler les bugs dans le fonctionnement d’ASAFO afin qu’ils soient corrigés. Pierre-Olivier Variot s’étonne par ailleurs que les alertes émises par les ARS, « parvenant avec un temps de réactivité de vingt minutes aux officines », ne soient pas interopérables à l’échelle nationale avec un système tel ASAFO. Car, rien n’empêche un fraudeur de se faire délivrer un produit dans une autre région.
Par ailleurs, les syndicats ont négocié un ajustement concernant le versement de la ROSP associée à l’utilisation de ce dispositif. Pour rappel, une ROSP de 100 euros, prévue dans l’avenant conventionnel signé par la FSPF, devait être accordée à tout officinal se connectent au minimum une fois par semaine pendant 46 semaines par an. « Pour 2024, nous avons obtenu de la CNAM que cette ROSP puisse être versée aux pharmaciens même s’ils ne se connectent qu’à partir du mois de décembre, informe Philippe Besset. Attention, cela ne veut pas dire qu’il faut attendre décembre pour s’y mettre. Les pharmaciens qui ont déjà commencé doivent aussi continuer. Aujourd’hui, 3 000 pharmaciens ont déjà utilisé ASAFO, l’objectif c’est d’arriver à 20 000 », insiste-t-il.
Syndicats et assurance-maladie ont prévu de se réunir une nouvelle fois en novembre pour faire le point sur ASAFO.