Le Quotidien du pharmacien. - Que représentent les charges externes dans l’économie de l’officine ?
Olivier Desplats. - Les charges externes, globalement, ne représentent pas le poste le plus important de l’officine. Nous sommes en moyenne à 5,20 % du chiffre d’affaires, sachant que le poste le plus important des charges externes est représenté par les loyers. Évidemment, le poids des charges externes est fonction du volume de chiffre d’affaires de l’officine. Plus le chiffre d’affaires est élevé, plus nous écrasons les frais fixes.
Quels sont les postes qui se démarquent et comment ?
Ce que je souligne toujours auprès de mes clients, c’est qu’il y a trois postes principaux, hormis les impôts, les taxes et les frais de personnel. Tout d’abord le loyer, qui pèse en moyenne pour un peu plus de 1,40 % du chiffre d’affaires. Dans les centres commerciaux, les loyers sont plus importants, c’est également le cas au cœur des villes. En zone rurale et dans les gros bourgs, les loyers pèsent beaucoup moins.
Le deuxième poste est l’informatique, avec les contrats de location, les crédits baux et les contrats de maintenance. C’est un poids important qui varie de manière conséquente d’une officine à une autre. Un pharmacien un peu féru d’informatique, qui s’y intéresse de près, ne se fait pas vendre n’importe quoi, mais un pharmacien complètement hermétique au sujet peut céder aux sirènes des commerciaux des sociétés informatiques. Ils sont suréquipés, ce qui génère un surcoût.
Enfin, le troisième poste le plus important des charges externes est le poids des honoraires, notamment ceux du cabinet comptable. Nous voyons bien le coût qu’ils représentent, mais il est difficile de l’évaluer dans le sens où, derrière ce coût, il y a des prestations, qui sont à géométrie variable. Le montant dépend en fait du niveau de prestations que le cabinet comptable apporte à son client. C’est un poste difficile à mutualiser. Quant aux frais de déplacements, les cadeaux clients, les frais postaux, l’EDF, ils ne représentent pas des charges qui pèsent de manière significative, ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas les regarder de près, mais ils ne feront pas la rentabilité d’une officine.
Vous parliez de loyer précédemment, le renouvellement du bail de l’officine est donc à étudier de près ?
Vous avez deux types d’officines et de pharmaciens. Il y a les pharmaciens qui sont propriétaires de leurs murs via une SCI. Les murs leur appartiennent via une structure juridique à part, une société civile immobilière qui loue à sa société ou à eux-mêmes s’ils sont en nom propre. La deuxième catégorie concerne les pharmaciens qui ne sont pas propriétaires de leurs murs et qui paient un loyer à un tiers. Il s’agit plus particulièrement des officines situées dans les centres commerciaux ou en cœur de ville. Il faut alors faire attention aux facteurs de commercialité locaux, c’est-à-dire que si le local est vide demain, combien sera-t-il loué ? À chaque fin de bail, quand un nouveau loyer est proposé avec une revalorisation, il faut regarder ce qui se passe autour. C’est moins pertinent en zone rurale ou en gros bourg car il y a moins de pressions sur les loyers qu’en cœur de ville.
Quels sont les autres points qui doivent faire l’objet d’une vigilance particulière ?
Sur les charges externes, il faut bien regarder les lignes pour les locations et crédit-bail informatique, le robot ou l’automate si l’officine en dispose. Le crédit-bail est un mode de financement de certains investissements donc nous avons deux options : soit il est en crédit-bail et figure dans les charges externes ; soit il est en crédit bancaire classique et, dans ce cas-là, apparaît dans les immobilisations, il n’y a rien dans les charges externes. Nous avons un amortissement comptable et nous avons des frais financiers qui représentent le coût des intérêts. Lorsque nous analysons les charges externes, si j’ai des clients par exemple qui sont à 6 %, je vais regarder pourquoi. S’il y a un automate ou un robot, un robot moyen coûte vite cent mille, cent vingt mille euros financés sur sept ans, cela pèse sur les charges externes. C’est quelque chose qu’il faut analyser. De plus en plus de pharmaciens s’équipent en robot, cela va tirer les charges externes vers le haut. On peut s’attendre dans les années qui viennent à une augmentation des charges externes.
Concernant l’externalisation de certaines tâches, elle est bien sûr à étudier au cas par cas ?
Certaines grosses pharmacies ont un comptable en interne qui réalise une partie du travail. Il peut se poser la question en analysant les frais de personnel et se demander si cela ne coûterait pas moins cher de faire appel à un prestataire. Pour la gestion du tiers payant, de plus en plus de pharmacies la confient à des sociétés spécialisées. Cela vient alourdir les charges externes, mais cela permet des économies au niveau des frais de personnel. C’est également un élément à prendre en compte lorsque nous analysons le détail des charges externes.
Est-il cependant quand même possible de mutualiser certaines des charges externes ?
Les officines peuvent mutualiser l’informatique au travers des groupements. Certains proposent leur propre outil informatique ce qui permet une mutualisation, une baisse des coûts. Les cadeaux clients peuvent également être mutualisés, même si la ligne n’est pas toujours très importante. Nous pouvons également mutualiser les assurances, en particulier agir sur le choix de la compagnie d’assurance sur ce poste. Nous pouvons avoir des écarts qui vont du simple au double. J’attire toujours l’attention des clients sur cette ligne-là, je la commente chaque année. Si cela augmente de manière anormale ou si le niveau d’assurance est plus élevé que la moyenne professionnelle, je les amène à négocier avec leur assureur.
Quels conseils donneriez-vous aux pharmaciens ?
Il est important d’avoir un expert-comptable qui connaît bien l’univers de la pharmacie, qui est spécialisé dans le secteur. Il faut qu’il comprenne le domaine et qu’il permette au client de se situer par rapport aux moyennes professionnelles. Cela me paraît effectivement capital.