L'utilisation d'antibiotiques sur les animaux d'élevage et de compagnie a globalement baissé en 2019 en France, selon un rapport publié par l'Agence française de sécurité alimentaire et sanitaire (ANSES) à l’occasion de la Journée européenne d’information sur l’antibiorésistance ce 18 novembre. Mais cette baisse risque de stagner dans les années à venir, à moins de modifier en profondeur certaines pratiques d'élevage.
Bonne nouvelle : en 2019, le niveau d’exposition des animaux aux antibiotiques a diminué de 10,9 % par rapport à l’année précédente. On atteint ainsi un niveau d’exposition le plus bas depuis le début du suivi en 1999, selon le rapport de l’ANSES. Et si l'on compare ces données à celles de 2011, année de référence du premier plan Ecoantibio, l’exposition aux antibiotiques, toutes espèces animales confondues, a diminué de 45,3 %.
Dans le détail, entre 2018 et 2019, l'exposition a nettement baissé pour les bovins (- 9,9 %), pour les porcs (- 16,4 %), et pour les volailles (- 12,8 %), les trois familles les plus consommatrices en tonnage. En revanche, les lapins (+ 1,5 %) et les carnivores domestiques, chiens et chats principalement (+ 2,1 %), ont vu leur exposition augmenter légèrement.
« À ce stade-là, ce n'est pas significatif, mais ça mérite une surveillance plus attentive, pour voir si dans le temps on est sur une phase de plateau ou si, au contraire, on revient vers une phase de croissance », a commenté Jean-Pierre Orand, directeur de l'Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV), lors de la présentation de ce rapport.
Par ailleurs, depuis 2013, l’exposition des animaux aux antibiotiques d’importance critique a également diminué fortement et s’est stabilisée ces trois dernières années : entre 2013 et 2019, elle a diminué de 86 % pour les fluoroquinolones et de 94,1 % pour les céphalosporines de dernières générations. La colistine, pour laquelle des mécanismes de résistance transférables de l’animal à l’homme ont été décrits, a vu son taux d’exposition diminuer de 64,2 % par rapport au niveau moyen de référence entre 2014 et 2015.
Rappelons que la France a lancé en 2012 un premier plan gouvernemental de cinq ans, Ecoantibio, pour faire baisser le recours aux antibiotiques en matière de santé animale, que ce soit pour les élevages ou les animaux de compagnie. En 2017, un deuxième plan s’était fixé une diminution de 50 % en cinq ans, objectif qui a été atteint pour les filières porcine, avicole et bovine.
Ce plan EcoAntibio a été relancé pour cinq années supplémentaires, jusqu'en 2021.
Par ce biais, les autorités entendent lutter contre l'antibiorésistance, « un défi majeur et mondial de santé publique », comme le rappelle le ministère de l’Agriculture. Car « la perte d'efficacité des antibiotiques impacte la santé humaine, la santé animale et celle des écosystèmes, ces santés étant interconnectées et formant un tout », indique le ministère.