Une forte inquiétude et un sentiment de solitude renforcé, mais des patients très disciplinés, qui parviennent à gérer efficacement leur maladie. C'est en résumé les conséquences du confinement sur le diabète que révèle une étude menée par CSA auprès de 504 patients diabétiques de type 1 pour Roche Diabetes Care France.
Leur plus grande vulnérabilité face au Covid a été la préoccupation la plus difficile à vivre pour l'ensemble des répondants (59 %). Cette préoccupation persiste actuellement pour 63 % des diabétiques de type 2 (DT2) de plus de 60 ans, elle s'est même accrue pour les DT1 (48 % versus 34 % pour les DT2). Le sentiment d'isolement sanitaire et social a été très présent pour tous les participants (13 %), ce déficit d'accompagnement a été particulièrement ressenti parmi les DT2 seniors (76 %).
Peur d'un rebond
Le déconfinement, loin d’être un motif de soulagement, a renforcé les peurs : peur d’un rebond de la maladie avec un reconfinement (36 %), de contracter le virus (34 %) et, pour les DT1 qui sont traités par insuline, peur d’un déséquilibrage de leur diabète et de complications médicales lourdes (21 %), d’avoir des difficultés pour obtenir un rendez-vous médical de suivi (20 %) ou se procurer leur traitement et le matériel médical nécessaire.
Paradoxalement, le confinement a eu des effets positifs puisque 45 % des patients interrogés ont constaté une amélioration de leur diabète et, parmi eux, 28 % font part d’un équilibrage (37 % DT1 et 26 % DT2). Le rééquilibrage a toutefois été moins fréquent chez les plus de 60 ans. Cette évolution positive peut s’expliquer par plusieurs facteurs : du fait d'être à domicile, près d'un quart des patients diabétiques ont été plus vigilants pour suivre leur traitement et ils ont pris plus de temps pour s’occuper d'eux. 38 % des rééquilibrages sont corrélés à une augmentation de l’activité physique à domicile et 33 % à une meilleure alimentation. Cette motivation à une prise en charge rigoureuse est toujours présente et, pour un quart des diabétiques, elle s'est renforcée par rapport au début de l'épidémie. Le télétravail semble lui aussi avoir eu un effet bénéfique : 47 % des patients en télétravail durant le confinement ont constaté un rééquilibrage, contre 35 % des patients qui ont poursuivi leur activité professionnelle « normalement » et 39 % de ceux qui ont dû s’arrêter.
Une maladie bien gérée grâce aux acteurs de proximité
Dans ce contexte épidémique, le médecin traitant a été le principal soutien et pilier de confiance pour un quart des diabétiques (31 % pour les DT1). En effet, 41 % des patients ont vu leurs rendez-vous annulés pendant le confinement, dont 73 % par le professionnel de santé lui-même. En tête des rendez-vous annulés figurent ceux chez un diabétologue en milieu hospitalier (55 %) et en ville (16 %) ou au laboratoire de biologie médicale (13 %). De fait, les rendez-vous hospitaliers ont été annulés par obligation (priorité aux malades du Covid).
Quant aux pharmaciens, on note que 74 % des diabétiques se sont rendus à la même fréquence qu'habituellement en officine (80 % pour les DT2). « Ces chiffres attestent du rôle fondamental joué par les acteurs de santé de proximité. Les pharmaciens ont réagi très vite, permettant aux patients de se sentir en sécurité dans les officines. Ils ont fait preuve d'une disponibilité constante pendant la crise, mais aussi de leur rôle en matière d’accompagnement et d’information médicale dans des périodes de crise comme celle-ci. La médecine de ville s’est mobilisée elle aussi, et a pleinement joué son rôle sanitaire, mais aussi social auprès de patients en manque d’information », constate le Dr Françoise Giroud-Baleydier, diabétologue.
Les consultations avec le médecin ont eu lieu principalement en face-à-face (41 %). Néanmoins, les contacts à distance ont largement séduit les patients : 38 % y ont eu recours, et plus encore les personnes DT1 (51 %). Seuls les seniors diabétiques restent très exposés car la fréquence de leurs contacts présentiels ou à distance avec le corps médical a peu augmenté malgré les risques. La crise sanitaire a également participé à faire évoluer les opinions des patients sur le partage des données de santé puisque 28 % d’entre eux y sont plus favorables qu’avant. Toutefois, si 69 % des patients sont aujourd’hui favorables à ce partage, ils ne sont que 4 % à le faire réellement.
D'après une visioconférence de Roche Diabetes Care. Etude réalisée en ligne du 18 au 27 mai 2020 auprès de 504 patients diabétiques (101 DT1 et 403 DT2)