L'endocrinologie est une discipline mal connue, pourtant toutes les grandes fonctions de l'organisme sont sous le contrôle des hormones. Toute surproduction ou insuffisance de certaines d'entre elles peut entraîner l'apparition de maladies endocriniennes sévères.
Hormone de l’envie, la dopamine représente une clé chimique majeure dans le circuit désir-récompense qui entre en action pour tout désir vital naturel (boire, manger, envie de sexe…) Elle agit comme un accélérateur du désir et permet, dans un deuxième temps, de ressentir le plaisir procuré (récompense), de le traduire en sentiments et de mémoriser la valence émotionnelle positive ou négative accrochée à ce plaisir. Dans ce circuit, les endocannabinoïdes, la sérotonine et les endorphines jouent le rôle de régulateurs en modulant l’activation de la dopamine. En situation normale, une fois la récompense obtenue, l’individu retrouve un équilibre interne, mais comme le constate le Pr Bernard Sablonnière, neurobiologiste au CHU de Lille : « Notre société actuelle est en décalage entre désir et plaisir. Les nouveaux comportements humains et sociaux avec leur quête incessante de plaisir, conduisent à un excès d'activation du circuit désir-récompense. Cet excès aboutit à une perception globale moins intense du plaisir. »
L'addiction, une perversion de l'envie
La sérotonine et d’autres neuromédiateurs, réagissent contre cet emballement d’activation en freinant de manière plus puissante le système de la récompense. Une sorte de saturation dans l’équilibre entre désir et plaisir s’opère. Un processus que l’on retrouve dans les addictions où la répétition fréquente du même cycle désir-plaisir conduit à un défaut de contrôle volontaire par le lobe préfrontal. Comme l’explique le biologiste « dans les comportements addictifs, l’individu ne perçoit plus les bénéfices du plaisir, et donc il active le désir jusqu’à retrouver ce niveau de plaisir qu’il connaît, mais dont il ne perçoit plus l’intensité du ressenti. L'addiction est en fait une perversion de l'envie ».
Dans la dépendance au téléphone portable et aux réseaux sociaux, la répétition du désir de communiquer ou de lire des messages sur les réseaux déclenche une inhibition du contrôle volontaire (la personne ne peut plus s’en passer). Il s'agit d'un comportement compulsif qui n’entraîne pas les conséquences observées lors des états de manque liés à la prise de drogues. « Ici, l’effet d’addiction est dû à une altération de la réponse émotionnelle positive. La personne entre alors dans un cercle vicieux, répétant son besoin compulsif de communiquer jusqu’à tenter de retrouver une récompense déclenchant un plaisir ressenti plus fort, ce qui active l’axe du stress conduisant à des angoisses et à une perception émotionnelle négative », commente le Pr Sablonnière.
Les organoïdes en cas de pathologies endocriniennes
L’utilisation des cellules souches vise à reproduire des tissus capables de secréter des hormones comme dans une glande endocrine. « Cette technique permet de créer des organoïdes qui ressemblent à un organe (ou partie d’organe). En reproduisant des cellules très proches de la normale, on peut restituer fidèlement la physiologie des glandes endocrines, et notamment la régulation hormonale, alors que les médicaments ne peuvent pas produire cette adaptation permanente, très spécifique aux glandes endocrines. C'est l'avantage de la greffe d'organoïdes », rapporte le Pr Thierry Brue, endocrinologue à l’hôpital de la Conception à Marseille. Dans ce contexte, traiter les patients avec des cellules endocrines différenciées d’îlots de Langerhans à partir de cellules souches, ou avec des organoïdes de pancréas endocrine, offre de nouvelles perspectives thérapeutiques. Ce procédé pourrait devenir accessible aux patients diabétiques dans un proche avenir.
La recherche sur les organoïdes de tissu surrénalien a, elle aussi, beaucoup progressé au cours des dernières années. « Cela ouvre la voie à des possibilités de traitement de plusieurs maladies rares des surrénales comme la maladie d’Addison, précise l'endocrinologue. Ce serait aussi un grand progrès si l’on arrivait à utiliser des organoïdes pour remplacer l’hypophyse, véritable chef d’orchestre pour les autres glandes, qu’elle soit manquante ou déficiente, l’équipe de recherche de Marseille est en pointe sur cette recherche. » Par ailleurs, transplantés chez les patients, les organoïdes pourraient permettre de pallier les inconvénients de la greffe classique (manque de donneurs, problème de rejet). Une autre contribution intéressante des organoïdes est de pouvoir réaliser un criblage (screening) de médicaments afin de déterminer leur potentiel et d’identifier les molécules prometteuses.
D'après une conférence de presse de la Société française d'endocrinologie (SFE).