La vente des masques de protection en pharmacie est « une question compliquée » pour le gouvernement, qui doit rapidement examiner la situation avec la présidente de l'Ordre. Toujours réservée au personnel soignant, la distribution des masques chirurgicaux va notamment être élargie aux préparateurs.
La conférence de presse du Premier ministre et du ministre de la Santé, qui traitait cet après-midi des objectifs et des conditions du plan de déconfinement, a été l'occasion de longs développements pédagogiques. Édouard Philippe y a d'abord précisé les trois axes essentiels du plan de déconfinement : le maintien des gestes barrières, la pratique des tests rapides et l'isolement des porteurs du virus. Le Premier ministre a aussi indiqué que le port d'un masque grand public serait recommandé à tous les Français, et imposé dans les transports publics. « Ces masques, nous paraissent, après étude et certification, à même de garantir la sécurité sanitaire de ceux qui en disposent », assure de son côté Olivier Véran. Quant à la question de leur distribution en pharmacie, « c'est un des sujets compliqués du plan de déconfinement », reconnaît le ministre de la Santé. « Nous devons coordonner l'action d'acteurs très différents : les employeurs privés ou publics, les initiatives de collectivités territoriales, et la grande distribution. L'une de nos hypothèses de travail c'est que la puissance publique garantisse à partir du 11 mai la distribution initiale, et qu'ensuite nos concitoyens puissent les trouver dans le commerce. »
Concernant les masques chirurgicaux, l'augmentation de la production nationale et le niveau des importations permettent désormais d'envisager une modification de la doctrine de distribution, a expliqué le Premier ministre. « Les masques chirurgicaux seront toujours destinés d'abord aux soignants, mais nous allons voir dans quelle mesure nous pouvons étendre la distribution de ces masques aux malades », a confirmé Olivier Véran. Dans un premier temps, cinq millions de masques supplémentaires vont être déstockés et la cible des bénéficiaires sera élargie aux préparateurs en pharmacie, aux sages-femmes, aux ambulanciers, aux aides à domicile et aux manipulateurs radio.
À la question, toujours pendante, de la vente de masques chirurgicaux par les pharmaciens, le ministre de la Santé a apporté une réponse moins tranchée. « C'est une question délicate. Nous sommes en train d'étudier cela », a exposé Olivier Véran, avant de livrer le fond de sa pensée : « Je n'ai pas envie qu'on crée dans la population un effet d'appel, où les gens pourraient considérer que désormais ils peuvent acheter leur propre masque chirurgical. De ce que j'en sais, il y a dans les pharmacies 3 millions de masques concernés par cette question, or il y a environ 17 millions de personnes en situation de fragilité. À raison de 3 masques par jour, vous voyez bien que si on commence d'ouvrir la porte à cette vente en pharmacie, ce sera une vente vite tarie… », présage Olivier Véran. Le ministre déclare cependant être en lien avec la présidente de l'Ordre des pharmaciens à laquelle il a promis « un appel avant demain matin pour trouver le bon moyen de faire ».