Grâce en grande partie à la démocratisation de la thérapie antirétrovirale, les morts dues au sida ont chuté de 43 % depuis 2010 pour atteindre 690 000 en 2020, selon un rapport de l'Onusida, l'agence spécialisée de l'ONU.
Des progrès ont également été réalisés dans la réduction des nouvelles infections, mais ils ont été plus lents : un recul de 30 % en dix ans a été constaté, avec 1,5 million de personnes nouvellement infectées par le virus en 2020.
Plus de 40 pays dans les clous
Aux États-Unis, le nombre annuel de nouvelles infections au VIH a chuté de 73 % entre le pic des années 1980 et 2019, passant de 20 000 en 1981 à 34 800 en 2019, après un pic à 130 400 en 1984, selon une nouvelle étude des autorités sanitaires du pays publiée ce 3 juin. Les centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC) avaient publié, le 5 juin 1981, le premier rapport sur ce qui était alors un virus mystérieux. « La baisse est due au travail et à la collaboration depuis des décennies entre scientifiques, patients, militants et population », a expliqué Rochelle Walensky, la directrice des CDC.
Pour l'instant, au moins 40 pays sont en voie de réaliser une réduction de 90 % de la mortalité liée au sida d'ici à l'année 2030, y compris neuf pays situés en Afrique de l'Est et du Sud.
En 2016, l'Assemblée générale de l'ONU avait fixé des objectifs pour 2020 dans le but d'éradiquer le sida d'ici à 2030. Cinq ans plus tard, des dizaines de pays ayant des caractéristiques épidémiologiques et économiques diverses ont atteint ou dépassé plusieurs de ces objectifs, montrant qu'« il est possible de maîtriser une pandémie qui semblait presque incontrôlable il y a 20 ans », explique l'Onusida.
Encore des progrès à faire
Le rapport ne donne pas de statistiques par pays, mais montre que les morts liées au sida ont diminué dans le monde depuis 2010, sauf en Europe de l'Est et en Asie centrale où les infections ont également bondi sur la même période. Elles ont également légèrement progressé au Moyen-Orient/Afrique du Nord et en Amérique latine.
« Il faut faire plus », a lancé la directrice exécutive de l'Onusida, Winnie Byanyima, en conférence de presse, disant s'attendre à une hausse des cas en raison de la pandémie de Covid-19 qui perturbe l'accès aux services de santé.
En finir avec le sida d'ici à 2030 est possible si les gouvernements réduisent « les inégalités qui empêchent les gens d'accéder aux services de santé », en matière de prévention et traitement, a expliqué Mme Byanyima, se disant « prudemment optimiste ».
En 2020, quelque 690 000 décès provenant de causes liées au sida ont été enregistrés, soit une diminution de 55 % de 2001 à 2020, relève le rapport, publié à la veille de la cinquième session de haut niveau sur le sida que l'Assemblée générale tiendra les 8–10 juin. Depuis le début de l'épidémie, près de 32 millions de personnes sont décédées de maladies liées au sida.
Des modèles qui marchent
Le rapport montre que « les pays dotés de lois et de politiques progressistes et de systèmes de santé forts et inclusifs ont obtenu les meilleurs résultats contre le VIH ». Dans ces pays, les personnes vivant avec le VIH ont de meilleures chances d'avoir accès à des services efficaces de lutte contre le virus, y compris son dépistage, l'accès à un traitement médical préventif et à des soins de qualité, et à la délivrance d'un traitement pour plusieurs mois.
« Les pays très performants ont ouvert la voie à d'autres, a souligné Mme Byanyima. Leur financement adapté, l'implication véritable des communautés, leurs approches multisectorielles et fondées sur les droits, ainsi que l'utilisation de données scientifiques pour guider les stratégies ciblées ont inversé le sens de l'épidémie et sauvé des vies. »
Parmi les 37,6 millions de personnes vivant avec le VIH dans le monde en 2020, l'Onusida estime que 27,4 millions étaient sous traitement − soit un chiffre qui a plus que triplé depuis 2010, mais qui est en deçà de l'objectif 2020 de 30 millions.
L'agence a émis récemment de nouveaux objectifs pour 2025 : traiter 95 % des personnes qui en ont besoin, réduire les infections annuelles à moins de 370 000 et les décès à moins de 250 000.