Une première étude rétrospective, publiée dans « International Journal of Antimicrobial agents », a été menée en Belgique auprès de 8 075 patients, pris en charge dans 109 hôpitaux du pays, dont 4 542 ont reçu de l’hydroxychloroquine en monothérapie (400 mg deux fois par jour le premier jour, puis 200 mg deux fois par jour du 2e au 5e jour de traitement, soit une dose totale de 2 400 mg) et 3 533 ont reçu un traitement standard.
Les patients étaient à 60 % âgés de 65 ans ou plus. La majorité était par ailleurs atteinte d’une forme grave du Covid-19 : plus de 80 % d’entre eux avaient une pneumonie et 5 % des cas ont nécessité une admission immédiate en unité de soins intensifs. Le temps médian entre l’apparition des symptômes et le diagnostic était de 5 jours.
Il ressort de l’étude une mortalité de 17,7 % dans le groupe « HCQ » (804/4 542) et de 27,1 % dans le second (957/3 533). « Dans l'analyse multivariée, la mortalité était plus faible dans le groupe HCQ que dans le groupe sans HCQ (rapport de risque ajusté [HR] 0,684), observent les auteurs. Par rapport au groupe sans HCQ, la mortalité dans le groupe HCQ a été réduite à la fois chez les patients diagnostiqués ≤ 5 jours (n = 3 975) et > 5 jours (n = 3 487) après l'apparition des symptômes (HR ajusté 0,701 et HR ajusté 0,647, respectivement). »
Les auteurs notent que les non-survivants étaient plus âgés, plus susceptibles d’être des hommes et souffraient plus souvent de maladies préexistantes. Ils avaient par ailleurs plus souvent des marqueurs biologiques de gravité tels que des taux élevés de lactate déshydrogénase (LDH > 350 UI/L) et de protéine C-réactive (CRP > 150 mg/L), et une hypoxémie sévère (paO2 < 60 mmHg). Si les patients du groupe HCQ avaient moins de comorbidités, ils étaient en moyenne plus atteints de forme plus sévère du Covid-19 que le groupe sans HCQ.
Une mortalité réduite de 30 % d'après des chercheurs italiens.
La seconde étude, également observationnelle, publiée dans « European Journal of Internal Medicine », a été menée en Italie auprès de 3 451 patients pris en charge dans 33 hôpitaux du pays, formant une collaboration baptisée CORIST (COvid-19 RISk and Treatments). Parmi ces patients, 76,3 % (2 634 patients) ont reçu de l’HCQ, les autres un traitement standard. Le dosage de l’HCQ était similaire à celui pratiqué en Belgique, soit une dose de 400 mg par jour. Seul un centre a utilisé des doses de 600 mg/j. Le traitement était en revanche plus long, de 5 à 15 jours.
Les patients dans le bras HCQ étaient par ailleurs plus jeunes, plus souvent des hommes, avaient des taux de protéine C-réactive plus élevés et étaient moins susceptibles d’avoir une cardiopathie ischémique, un cancer ou une maladie rénale chronique de stade 3a ou plus. Ils ont par ailleurs plus souvent reçu d’autres traitements : 78,4 % d’entre eux ont reçu l’association lopinavir/ritonavir ou darunavir/cobicistat, ou du remdesevir, du tocilizumab ou encore du sarilumab ou des corticostéroïdes. En comparaison, seuls 46,3 % des patients du groupe sans HCQ ont reçu un de ces traitements.
Les auteurs ont observé des taux de mortalité (pour 1 000 jours-personnes) de 8,9 chez les patients HCQ et de 15,7 chez les patients non HCQ. « Lors d'une analyse univariée, le rapport de risque de mortalité était de 0,56. Dans l'analyse primaire multivariée, l'utilisation de HCQ était associée à une réduction de 30 % du risque de décès, notent les auteurs. Les analyses multivariables secondaires ont donné des résultats très similaires. »
L'hypothèse d'un rôle anti-inflammatoire de l'HCQ.
« Nos données ont été soumises à une analyse statistique extrêmement rigoureuse, prenant en compte toutes les variables et les éventuels facteurs de confusion pouvant entrer en jeu. Les résultats positifs du traitement à l'hydroxychloroquine sont restés inchangés, en particulier chez les patients présentant un état inflammatoire plus évident au moment de leur admission à l'hôpital », commente le Dr Augusto Di Castelnuovo, épidémiologiste au Mediterranea Cardiocentro de Naples, qui a participé à l’étude.
Les auteurs soulignent également un effet plus marqué de l’HCQ sur la mortalité des patients plus âgés, chez ceux atteints d’une forme plus sévère ou qui avaient des taux de protéine C-réactive plus élevés. Ces résultats pourraient suggérer, selon eux, que « le potentiel anti-inflammatoire de l'HCQ pourrait avoir eu un rôle plus important que ses propriétés antivirales ». À côté de son action antivirale, l’HCQ peut avoir des effets anti-inflammatoires et anti-thrombotiques, qui justifieraient son effet sur la réduction du risque de mortalité, avancent-ils.
Pour ces deux études, les auteurs rappellent la nécessité de mettre en œuvre des essais randomisés et contrôlés sur l'efficacité de l'HCQ dans le traitement du Covid-19, alors que les études observationnelles publiées jusqu'à présent avancent des conclusions contradictoires.