Les pharmaciens de la Sarthe ne le savent peut-être pas encore, mais leur nouveau préfet est docteur en pharmacie. Fils de pharmacien d’officine, Emmanuel Aubry a étudié la pharmacie à la faculté de Reims. « Les études de pharmacie m’ont apporté le sens du concret. J’ai retenu de mon expérience au comptoir le contact étroit avec les concitoyens, avec la population française dans sa diversité. » De ses études de pharmacie, il en retient également l’acquisition d’une solide culture générale scientifique. Son goût prononcé pour le droit pharmaceutique l’a conduit à doubler son cursus universitaire par des études de droit. Après l’ENA (école nationale d’administration), Emmanuel Aubry a choisi le corps préfectoral pour « conserver le contact avec les réalités quotidiennes, ne pas exercer dans une administration désincarnée ».
Intérêt collectif
« Du fait de mes études et de mon histoire familiale, je ressens évidemment une sympathie naturelle pour le secteur officinal, une attention bienveillante », répond le préfet lorsqu'on l'interroge sur ses relations avec les pharmaciens. « Cela ne signifie pas que tout est possible sans règle », ajoute Emmanuel Aubry. « En tant que préfet, je dois rechercher le compromis entre des objectifs de nature différente. Les décisions prises au cours des derniers mois ont montré combien cet exercice d’équilibre est difficile, combinant des critères de soutenabilité économique, sociale et sanitaire. Comme tout préfet, il m’arrive d’avoir des décisions difficiles à prendre, à devoir sacrifier des intérêts individuels pour privilégier l'intérêt collectif. La situation appelle la décision. »
Travailler ensemble
Préfet des Deux-Sèvres pendant la crise sanitaire liée au Covid-19 (à partir de février 2020), Emmanuel Aubry a rencontré régulièrement les pharmaciens d'officine du secteur : « j'ai pu constater combien cette profession a évolué, ne serait-ce que par le droit de prescrire et d'injecter le vaccin contre le Covid-19. » Avec l'agence régionale de santé, il a accompagné la transformation du paysage sanitaire et le regroupement des professionnels de santé : « il est nécessaire de rassembler les forces dans un contexte de tension en effectif médical et paramédical. Cette stratégie visant à favoriser l'interprofessionnalité en santé répond d'ailleurs aux attentes des nouvelles générations. » Autre sujet auquel le préfet est particulièrement attentif, la sécurité : « dans les Deux-Sèvres, les professionnels de santé m’ont fait part de leur préoccupation et de leur sentiment croissant d'insécurité. Nous avons donc travaillé au rapprochement entre les forces de l’ordre et ces professionnels, et nous avons favorisé l’échange pour construire un dispositif pérenne. Les pharmaciens peuvent par exemple consulter le gendarme référent en sûreté de leur département, pour prévenir les risques de malveillance. » Enfin, la politique de l’emploi constitue un dossier majeur pour le nouveau préfet de la Sarthe : « quand on discute avec un chef d’entreprise, la première difficulté qu’il évoque concerne le recrutement. Cependant, la pénurie de main-d’œuvre est plus délicate à gérer dans le monde médical, du fait de la formation exigée. On ne crée pas des pharmaciens ou des médecins en quelques mois. C’est une difficulté à prendre en compte. »