Alors que seulement 1 % de la population africaine a pu recevoir deux doses de vaccin contre le Covid-19, le nombre de cas positifs continue d'augmenter et les hôpitaux de certains pays commencent à être surchargés.
Relativement épargnée par la pandémie jusqu'à présent (5,3 millions de cas et 139 000 décès selon les chiffres de l'AFP), l'Afrique fait actuellement face à une 3e vague « brutale » de coronavirus. « La troisième vague s'accélère, se propage plus vite et frappe plus fort », a alerté ce jeudi la directrice Afrique de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui redoute que cette vague ne soit pire que les précédentes. C'est en Afrique australe que l'on recense le plus de cas (40 %). Les médecins sont confrontés à un afflux sans précédent de malades en Afrique du Sud et le ministre zambien de la Santé a récemment évoqué des morgues surchargées. Un peu plus au nord, en Ouganda, les services de santé sont actuellement confrontés à une pénurie d'oxygène et le gouvernement local vient d'imposer un nouveau confinement. Cette 3e vague touche également des pays très peu touchés jusqu'ici, comme le Liberia et la Sierra Leone, en Afrique de l'Ouest. En Tunisie, une hausse des contaminations est également observée depuis la mi-mai.
En cause, notamment, la propagation des nouveaux variants plus contagieux. Le variant indien (Delta) est déjà présent dans 14 pays africains. En Ouganda, ce dernier représente même 97 % des nouveaux cas diagnostiqués. « Dans l'état actuel des choses, et avec la propagation des variants, on peut craindre un scénario à l'indienne », résume l'épidémiologiste Jean-Marie Milleliri sur « France 24 ». « Il est vrai que, jusque-là, l'Afrique avait été plutôt épargnée, certainement grâce à une combinaison de facteurs : la population est jeune, vit beaucoup dehors… Mais les variants pourraient changer la donne », redoute-t-il.
Si la vaccination peut permettre de limiter les effets de cette 3e vague, elle est actuellement au point mort ou presque dans l'ensemble du continent. La promesse faite par les pays occidentaux d'envoyer un milliard de doses aux pays les plus pauvres ne s'est pas encore concrétisée et les livraisons de vaccins en Afrique sont pratiquement à l'arrêt. La flambée des cas en Inde, principal fournisseur de vaccins d'AstraZeneca, a en effet retardé les livraisons par le biais du dispositif Covax. À ce jour, 18 pays africains ont épuisé la quasi-totalité des vaccins envoyés par l'OMS. Une partie de la population est également plus que réticente à l'idée de se faire vacciner. « On voit émerger des discours sur les réseaux sociaux où certains s'étonnent des différences de traitement vis-à-vis d'AstraZeneca entre l'Afrique et l'Europe. Il y a vraiment un gros travail de communication à faire », souligne le Dr Milleliri. Selon l'OMS, moins de 1 % de la population africaine est entièrement vaccinée à ce jour. À la date du 24 juin, on recense au moins 10 % de personnes primo-vaccinées dans seulement 5 des 54 pays du continent.