L'ANSM fait en effet état de cas de surdosage de vitamine D, récemment rapportés chez des jeunes enfants à la suite d'une prise de compléments alimentaires enrichis en vitamine D. « Ces cas se manifestent par une hypercalcémie (taux excessif de calcium dans le sang) qui peut avoir des conséquences graves, telles qu’une atteinte rénale à type de lithiase/néphrocalcinose (dépôt de calcium dans le rein) », qui ont conduit à des hospitalisations chez des nourrissons auparavant en bonne santé, précise l'agence.
Aussi, les professionnels de santé et les parents sont invités à privilégier les médicaments par rapport aux compléments alimentaires, à contrôler les doses administrées (vérifier la quantité en vitamine D par goutte) et à ne pas multiplier les produits contenant de la vitamine D.
Le prescripteur doit choisir la spécialité pharmaceutique qu’il estime préférable à l’issue d’un échange avec les parents. Pour rappel, trois spécialités sont indiquées dans la prévention de la carence en vitamine D : Adrigyl, Deltius et ZymaD, chacune présentant des teneurs différentes en vitamine D et des excipients spécifiques.
Risques associés aux compléments
« Les médicaments présentent un niveau d’exigence concernant la qualité des matières premières, la fabrication et le contrôle du dosage dans chaque lot de fabrication supérieur à celui des compléments alimentaires », lit-on dans un avis complémentaire.
Même si les compléments obéissent bien à une réglementation, « leur utilisation n'est pas dénuée de risque », considèrent les autorités. Ces risques de surdosage sont liés à des concentrations en vitamine D parfois très élevée (jusqu’à 10 000 UI par dose), à l'absence, sur certaines préparations, de recommandation de doses en fonction de l’âge, à des erreurs de dosage en cas de passage du médicament au complément ou de changement de complément et à une certaine confusion provoquée par la multiplicité sur le marché de produits avec des concentrations/dosages différents. Les risques peuvent aussi être liés à la présence dans le complément alimentaire d’autres vitamines (exemple : vitamine K, pour laquelle il n’existe pas de recommandation pour une administration quotidienne à des enfants) ou de calcium à forte dose (risque aggravé d’atteinte rénale à type de lithiase/néphrocalcinose). Par ailleurs, les autorités déconseillent l'achat des compléments sur internet, car ils peuvent être non conformes à la réglementation.
La supplémentation en vitamine D est recommandée en France dès les premiers jours de vie afin de prévenir le rachitisme, et doit être poursuivie pendant toute la phase de croissance et de minéralisation osseuse, c’est-à-dire jusqu’à 18 ans, rappelle l'ANSM. Une mise à jour des recommandations nationales concernant les doses de vitamine D destinées aux enfants, en cours, devrait aboutir à leur alignement sur les recommandations européennes : 400 UI par jour de 0 à 18 ans chez l’enfant en bonne santé sans facteur de risque, et 800 UI par jour de 0 à 18 ans chez l’enfant présentant un facteur de risque.
*Société française de pédiatrie (SFP), Société française de néonatologie (SFN), Société française de médecine périnatale (SFMP), Fédération française des réseaux de santé en périnatalité (FFRSP), Société française d’endocrinologie et diabétologie pédiatrique (SFEDP), Société de néphrologie pédiatrique (SNP), Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA), la filière OSCAR et le Centre de référence des Maladies rares du calcium et du phosphore.