Identifier les territoires fragiles en matière d’accès aux soins reste complexe. Les ARS qui s’attellent à cette tâche font face à de nombreuses difficultés pour définir ces zones où l’accès aux soins est en danger. Sur ce chapitre, les données publiées par le bureau d’études La longue vue se révèlent précieuses tout autant que surprenantes.
1 022 communes possèdent au moins un médecin, mais pas de pharmacie. À l’inverse, 855 pharmacies sont seules au village, c’est-à-dire sans médecin, donc sans prescripteur direct. Ce constat qui émane des données publiées par le bureau d’études La longue vue bat en brèche certaines idées reçues. Il n’en est pas moins inquiétant. « On compte au total 26 169 communes sans médecin et 26 932 autres sans pharmacie sur le territoire. Pire : 25 287 communes, soit 72 % des 35 083 communes françaises, ne disposent ni de pharmacie, ni de médecin. Un chiffre très inquiétant sur l’accès à la santé en France », conclut le bureau d’études, insistant sur le fait que ces communes sont situées hors des métropoles et des zones urbaines, « ce qui démontre bien la désertification médicale actuelle en France, qui ne cesse de s’agrandir ».
L’accès aux soins, au cœur du dispositif des « territoires fragiles » dont les textes ont été publiés le 7 juillet dernier, reste l’enjeu majeur des élus locaux. En novembre 2023, déjà, au Congrès des maires à Paris, ceux-ci s’alarmaient de l’avenir des 5 000 communes qui ne comptent plus qu'une seule officine. Aujourd’hui, cette inquiétude est plus vive que jamais au regard des chiffres publiés par La longue vue. Selon le bureau d’études, 130 pharmacies ont baissé le rideau entre le 1er février et le 1er août. En juillet, Frédéric Chéreau, maire de Douai (Nord), et coprésident de la commission santé de l’Association des maires de France (AMF) déclarait que le maillage du territoire par la pharmacie « est une obligation de service public ». Le décret « territoires fragiles », visant à pallier le manque d’officines dans des zones qui en sont dépourvues, notamment celles où le quota de 2 500 habitants n’est pas atteint, apportera-t-il une garantie suffisante ? Dans la profession, certaines voix restent dubitatives. L’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) redoute ainsi que l’application de ces textes ne déséquilibre davantage le réseau. Et précipite la disparition des officines encore présentes sur ces territoires. Porté par ces craintes, le syndicat a déposé un recours devant le Conseil d’État, le 4 septembre.
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