Tout au long de 2020, les instances tournées vers le commerce et la protection des usagers ont multiplié les alertes face aux « profiteurs de la pandémie ». Le 17 avril dernier, Europol s’inquiétait par exemple de la prolifération de contrefaçon de tests Covid, de masques, de gants, de désinfectants et de certains médicaments en vue tels que l’hydroxychloroquine. L’Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO) et l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) pointaient un mois plus tôt la circulation de faux antibiotiques et de faux anticancéreux « potentiellement mortels ». Et le 2 décembre, Interpol alertait 194 pays d'un risque d'arnaques aux faux vaccins contre le Covid-19.
Le bilan des saisies de produits contrefaits sur le territoire français rendu public le 22 février ne les étonne donc pas, mais donne une idée plus précise de l’ampleur de ce trafic. Sur le podium des produits contrefaits les plus saisis, les vêtements, chaussures et accessoires restent en tête (800 000 lots), devant les jeux et jouets (470 000), les équipements électroniques, électriques et informatiques (172 000) et les médicaments (128 000), allant du « remède miracle » contre le Covid aux habituels traitements contre la dysfonction érectile. « Les fraudeurs sont en recherche perpétuelle de nouvelles opportunités, nous l’avons vu dès le mois d'avril avec la multiplication des masques contrefaits et la saisie totale depuis de 227 000 masques », a souligné Olivier Dussopt, ministre délégué chargé des Comptes publics.
Le fléau du e-trafic
Alertant sur les risques « économiques, sécuritaires et sanitaires » de ces marchés parallèles, le ministre a poursuivi en présentant le nouveau plan anticontrefaçon de la France. Il compte notamment répondre à la hausse des contrefaçons détectées dans les petits colis issus du e-commerce, qui arrivent en France par avion, principalement d’Asie. La présentation de ce nouveau plan d’action depuis l’aéroport de Roissy était donc symbolique. Cela passera notamment par une coopération renforcée avec les plateformes de vente en ligne pour « identifier et démanteler les trafics », ainsi que par le renforcement du rôle des « cyberdouaniers » patrouillant sur les sites internet et les réseaux sociaux. Des actions qui devraient satisfaire le directeur de l’EUIPO, Paul Maier, qui rappelait en mai dernier que « jusqu’à 96 % des sites Web qui proposent des produits pharmaceutiques sont des sites illégaux ».
Le président de l’Union des fabricants (UNIFAB), Christian Peugeot, salue ce nouveau plan d’action et félicite les agents des douanes pour leur mobilisation dans la défense « de la santé et de la sécurité des Français, potentiellement mises à mal par la contrefaçon, qui représente 3,3 % du commerce mondial ». Au niveau de l'Union européenne, 6,8 % des importations en provenance du reste du monde seraient des contrefaçons. Les clients d'articles contrefaits s'exposent à une amende correspondant à deux fois la valeur de l'article original, a rappelé Olivier Dussopt : « C'est une invitation à réfléchir avant d'acheter. »
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