Invités hier aux « Contrepoints de la santé » pour débattre de l’exercice partagé, Philippe Besset (FSPF et LDS) et Marguerite Cazeneuve (CPAM) ont réagi à l’engouement des Français pour les délégations de tâches du médecin vers le pharmacien et l’infirmier. Des résultats issus du sondage BVA réalisé pour l’occasion.
Bien que les professionnels tombent d’accord pour parler de préférence d’exercice coordonné, de partage de compétences, d’interprofessionnalité ou de travail en équipe pluriprofessionnelle, la question posée par l’institut BVA porte sur la délégation de tâches du médecin vers le pharmacien et l’infirmier. Mais peu importe, balaye Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée de l’assurance-maladie, « parler d’exercice coordonné c’est du B to B, c’est notre organisation pour répondre aux besoins du patient ». Un positionnement qu’elle maintient lorsqu’elle détaille les avancées des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). « C’est une organisation qui n’a pas vocation à être connue des patients, c’est notre tambouille. »
Cela posé, selon le sondage BVA dévoilé hier, les Français sont favorables aux délégations de tâches du médecin vers le pharmacien ou l’infirmier, à 87 % en ce qui concerne la prise de tension artérielle, 82 % pour la vaccination, 74 % pour le renouvellement d’ordonnance, 66 % pour « la prescription de médicaments pour les problèmes courants » et 55 % pour le suivi d’une maladie chronique.
Des résultats qui ne surprennent pas Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et des Libéraux de santé (LDS), pour qui « ce sont les gens qui nous poussent à accélérer sur l’exercice partagé ». Il en va ainsi de deux dispositions pour élargir les compétences des pharmaciens, l’une prise l’an dernier, l’autre en cours d’examen dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2024 : le renouvellement d’ordonnance chronique et la dispensation d’un antibiotique après TROD angine ou cystite positif. « Du point de vue du pharmacien que je suis, ce n’est pas de la délégation de tâches mais une adaptation de notre acte de dispensation du médicament. Ce n’est pas de la prescription ! », martèle-t-il à nouveau.
Défendant une 3e voie pour les médicaments, en sus des statuts de prescription médicale obligatoire (PMO) et facultative (PMF), Philippe Besset estime que la mesure de dispensation de certains antibiotiques après application d’un protocole (dont la réalisation d’un TROD) y répond. « Il fallait inventer une catégorie intermédiaire de médicaments éligibles à un accès direct pour les Français mais de façon protocolisée, avec un arbre décisionnel clair validé par la Haute Autorité de santé (HAS) et un retour d’informations obligatoire au médecin traitant. » Le président de la FSPF va même plus loin en souhaitant que cette protocolisation soit applicable aussi bien à des médicaments de PMO que de PMF, estimant que certains sont trop faciles d’accès quand d’autres sont trop compliqués à obtenir sans ordonnance. « C’est ce que les gens veulent », conclut-il.
Une vision que partage Marguerite Cazeneuve en prenant l’exemple de la dispensation d’un antibiotique après un TROD cystite positif. « Pour les femmes, donc la moitié de la population, ce n’est pas un sujet, 100 % veulent un accès beaucoup plus rapide au médicament qui va les soulager quand elles ont des douleurs mictionnelles. La mise en place de ces protocoles relève de l’évidence parce que le législateur n’invente rien, il part du constat sur son territoire, il représente les citoyens, donc ce qu’il propose dit quelque chose sur l’état d’esprit de la population et nous sommes là pour répondre aux besoins de la population. »
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