Catherine Simonin, présidente de la Ligue nationale contre le cancer et membre du bureau de France Assos Santé, met en garde contre les dangers liés à l'échange de médicaments entre patients.
Les patients chroniques, que les ruptures en médicaments mettent à bout de nerfs, multiplient les groupes sur Facebook, avec pour objectif d'échanger des boîtes, parfois entamées ou périmées, et permettre à leurs membres de ne pas interrompre leur traitement. Une intention louable et tout à fait compréhensible face au désarroi que jette l'intensification des pénuries sur les patients atteints de maladies graves et chroniques. France Assos Santé, collectif d'une centaine d'associations de patients et d'usagers, met en garde contre ces pratiques. Pour Catherine Simonin, présidente de la Ligue nationale contre le cancer et membre du bureau de France Assos Santé, « elles ouvrent ni plus ni moins la porte aux médicaments de contrefaçon et au marché noir ». France Assos Santé sensibilise son réseau afin que des patients « au bout du bout, ne tombent pas dans ce piège ».
Catherine Simonin incite les patients à se tourner vers leur pharmacien, seul à pouvoir sécuriser le parcours, afin qu'il agisse auprès de son grossiste. « Nous observons, en oncologie notamment, qu'en fonction des régions, la répartition des médicaments reste inégale. » Elle demande également une révision des modalités de prise en charge lorsque les génériques sont en rupture. « Les patients, optant en désespoir de cause pour le princeps, encourent trop souvent de grands risques de reste à charge », alerte-t-elle.
Mais la réponse à la problématique des ruptures est, selon elle, européenne. « Il faut déclencher un dialogue au niveau européen afin de trouver une solution globale, équitable et harmonisée pour tous les patients des pays membres », déclare Catherine Simonin. Elle en veut pour contre-exemple, le cas de l'Allemagne qui contraint les industriels à six mois de stocks (contre 2 mois en France pour la plupart des médicaments d'intérêt thérapeutique majeur-MITM). Un dispositif qui risque de déstabiliser encore davantage le circuit d'approvisionnement et d'aggraver les ruptures dans d'autres pays. Catherine Simonin cite également la Suède qui autorise les médecins à prescrire des traitements pour trois mois (en France, la loi Rist autorise les officinaux à renouveler trois fois, par délivrance d’un mois, une ordonnance expirée pour le traitement d’une pathologie chronique, mais il manque encore des textes réglementaires avant que cette loi ne soit applicable). « Les patients chroniques français, ayant souvent suivi une éducation thérapeutique, seraient tout à fait en capacité de constituer un stock de médicament de trois mois. Il est ridicule de leur opposer un risque de surdosage », affirme la représentante de France Assos Santé qui voit des sources supplémentaires de pénuries en France dans ces initiatives nationales éparses. Pour autant, le principe de subsidiarité prévalant en Europe dans le domaine de la santé, il sera difficile d'y faire barrage. À moins, comme le préconise Catherine Simonin, de saisir l'HERA (Health Emergency and Preparedness Authority), l'autorité européenne de préparation et de réaction en cas d’urgence sanitaire, dépendant de la Commission européenne.
La situation des patients français, confrontés aux ruptures persistantes, réclame en effet des mesures d’urgence. La continuité des traitements ne peut souffrir d'attendre les décrets d'application de la future de loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2024. « Nous ne parlons pas de pathologies saisonnières mais bien de maladies chroniques. Il va falloir que les professionnels de santé et les institutions s'organisent rapidement pour activer les bons niveaux d'intervention. »
Dispensation du médicament
Tramadol et codéine sur ordonnance sécurisée : mesure reportée !
Formation continue
Transmission automatique des actions de DPC : les démarches à faire avant le 30 novembre
Relocalisation industrielle
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine