Alors que le métier de pharmacien ne cesse d'intégrer de nouvelles missions, la formation des étudiants doit évoluer. C'est ce postulat, notamment, qui pousse l'Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF) à demander depuis plus de 5 ans une réforme du 3e cycle des études pharmaceutiques.
Une requête restée sans réponse officielle jusqu'au 9 mars et l'envoi d'un courrier signé par le ministre de la Santé. Dans cette lettre, Olivier Véran annonce qu'il a décidé de finaliser la réforme, avec la création de deux diplômes d'études spécialisées courts (DES) pour l'officine et l'industrie et d'un diplôme d'études spécialisées long (hospitalier). La réforme doit entrer en application à la rentrée 2023.
Davantage de temps passé en stage
Principal objectif de ces DES : permettre aux étudiants d'être mieux professionnalisés. Une ambition qui passera tout d'abord par une augmentation du temps passé en stage lors de cette 6e année. « Les modalités seront propres à chaque université mais un temps minimal de stage devrait être fixé, explique Numan Bahroun, président de l'ANEPF. On pourra par exemple avoir 10 ou 12 mois de stage (contre 6 aujourd'hui) avec une alternance de cours. » Un enseignement théorique qui pourrait par exemple être concentré sur une demi-journée par semaine, potentiellement à distance. « La Conférence des doyens ne s'oppose pas à la possibilité que des cours soient données en visio pour permettre aux étudiants de limiter leurs déplacements », ajoute Numan Bahroun.
L'enjeu des aides financières
La question du coût que représentent les déplacements et le logement pour les étudiants en 6e année est justement centrale. Parce que les trajets coûtent trop cher et qu'il ne leur est pas toujours possible de trouver un appartement sur place, ils privilégient bien souvent des stages proches de leur lieu d'études. « Dans certaines régions, on constate que c'est le cas pour 90 % d'entre eux », précise le président de l'ANEPF. Pour inciter de futurs diplômés à faire un stage dans des territoires sous-dotés, l'État pourrait accorder une indemnité « qui compléterait la part déjà versée par les titulaires d'officine (soit environ 550 euros) », selon les mots d'Olivier Véran. Un scénario est envisagé. Le complément de l'État permettrait aux inscrits en 6e année de percevoir ce que touchent les étudiants en 1re année d'internat, soit environ 1 200 euros. « Des pharmacies dans des régions isolées n'ont pas eu de stagiaires depuis des années. Si l'on n'aide pas des étudiants à aller là-bas en stage, ils ne vont pas s'y installer plus tard. Si l'on veut préserver le maillage pharmaceutique il faut agir dès aujourd'hui », souligne Numan Bahroun.
L’association étudiante demande « une définition précise de la revalorisation du statut de l’étudiant en 6e année du parcours officine » et plaide pour que les étudiants qui seront concernés soient rattachés « au statut d’agent public ». Enfin, pour Numan Bahroun, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir sur le contenu de la formation. « Sur la santé environnementale, le numérique, la notion d'aller vers les patients… Il nous reste un an et demi avant la mise en place des DES, cela laisse du temps pour s'adapter. »
A la Une
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Portrait
Jérémie Kneubuhl : le pharmacien aux 50 millions de clics
Médication familiale
Baisses des prescriptions : le conseil du pharmacien prend le relais