À LA RENTRÉE 2011, les étudiants en deuxième année de pharmacie ont découvert de nouveaux cours, suite à la mise en place de la réforme de leur cursus. Six mois plus tard, le bilan est mitigé. Les nouveaux contenus sont destinés à « ressembler à la pharmacie de demain », indique Jocelyne Wittevrongel, vice-présidente de la FSPF*, lors d’une conférence organisée sur le sujet à Pharmagora, le 24 mars. La réforme permet ainsi d’introduire de « nouvelles compétences, nécessaires à l’exercice du métier », ajoute Dominique Porquet, président de la conférence des doyens de pharmacie. Il faut en effet aborder des thèmes autrefois absents des programmes, tels que l’accompagnement thérapeutique du patient, ou encore la coordination interprofessionnelle.
Cependant, pour les étudiants, l’inquiétude est forte. « Le taux de réussite aux examens du premier semestre de deuxième année a été catastrophique », s’alarme Émilie Villeneuve, vice-présidente éducation à l’ANEPF**. Un constat partagé par Dominique Porquet, qui compte « 80 % de potentiels redoublants à la faculté de Châtenay-Malabry à la suite des examens du premier semestre ».
Ne pas baisser le niveau.
Selon lui, ce problème est multifactoriel. « Pour commencer, on a imposé aux étudiants une première année commune des études de santé (PACES) terrible et terrifiante. Le choix de la filière pharmacie s’est fait par défaut dans beaucoup de facultés. Cependant, on ne peut pas tout mettre sur le dos de la PACES. Je ne pense pas que le niveau soit plus faible, mais nous avons eu énormément d’étudiants qui ont rendu des copies blanches. J’ai pour ma part corrigé 303 copies de biochimie et 154 étaient blanches. Par ailleurs, les programmes sont nouveaux, et les étudiants ne peuvent donc pas travailler sur les annales comme ils en ont l’habitude, ni bénéficier de l’expérience des anciens. » Pour le doyen Porquet, il est important de « ne pas baisser le niveau d’exigence », même s’il espère que c’est « une année atypique » et que la situation va s’améliorer. « Pour aider les étudiants, nous avons mis en place des enseignements dirigés spécifiques », indique-t-il.
À la rentrée 2012, les étudiants devraient découvrir la nouvelle troisième année. Et en 2013, la quatrième année devrait être opérationnelle, et peut-être la cinquième année pour certains UFR. « La sixième année, en revanche, pose des problèmes réglementaires par rapport au système licence-master-doctorat (LMD) », pointe Dominique Porquet. En effet, le système LMD ne prévoit par de cursus en six ans. Selon le doyen, l’une des solutions possibles serait d’opter pour « le même choix que l’odontologie. C’est-à-dire de considérer que la PACES est une année de préparation, ce qui permettrait ensuite de commencer le cursus LMD en deuxième année. Il faut cependant rester vigilants pour maintenir la formation en six ans », souligne-t-il. Même si quelques ajustements sont encore nécessaires la réforme des études de pharmacie est désormais sur les rails…
**Association nationale des étudiants en pharmacie de France.
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