C’EST LE JOUR J pour une majorité d’inscrits en première année d’études de santé (PAES). Près de 50 000 étudiants vont essuyer les plâtres de cette réforme, initiée en 2008 par le ministère de l’Enseignement supérieur. Fait inédit, les futurs pharmaciens, médecins, chirurgiens dentistes et sages femmes font amphi commun. L’objectif prioritaire est de limiter le gâchis humain à l’entrée des filières de santé (le taux d’échec avoisine les 70 % en pharmacie), en prévoyant davantage de possibilités de réorientation. Autre ambition, très discutable du fait de son ambiance concurrentielle, la PAES doit forger une reconnaissance réciproque des futurs professionnels de santé. Aujourd’hui, les réserves et les réticences longuement affichées au sein du monde universitaire, parmi les étudiants, les enseignants et les doyens des facultés, sont en sourdine. Tout devait être prêt, ces derniers jours, pour accueillir au mieux les étudiants et leurs enseignants. Car la réforme s’accompagne de changements notables dans leurs conditions de travail. Ces changements, comme la dispensation de cours magistraux en simultané dans des amphis contigus, ont nécessité une course à l’équipement pour les universités françaises. À Paris René Descartes, par exemple, les quelque 3 600 étudiants sont répartis dans une dizaine de salles, à cheval sur les sites des facultés de médecine et de pharmacie. « La loyauté exige que la dispensation des enseignements soit la même pour la totalité des étudiants », indique Axel Kahn, président de Paris Descartes. Ce sont les professeurs qui vont circuler, les étudiants ayant le choix de leur rattachement. Filmés, les cours seront aussi accessibles en ligne. À l’université de Grenoble, on a plutôt misé sur la mise à disposition de DVD aux étudiants.
Présélection à l’étude.
Outre les installations, les contenus pédagogiques ont également dû être réaménagés, nécessitant un consensus parfois délicat entre enseignants de médecine et de pharmacie. Le premier semestre, au terme duquel l’étudiant aura le choix de passer jusqu’à quatre concours distincts, est un tronc commun. Le second semestre comporte des enseignements plus spécifiques, qui se recoupent souvent entre filières. Axel Kahn prévoit ainsi que la majorité des étudiants parisiens vont se présenter aux 4 concours. Celui de pharmacie comprend 50 heures de cours qui lui sont dédiés. « Voilà pourquoi nous recommandons de ne faire qu’un choix, ou deux à la limite, pour s’y consacrer totalement », estime Maxime Beltier, président de l’ANEPF (Association nationale des étudiants en pharmacie de France). Le choix des filières officine, industrie ou internat se fera dès la 3e année. Les stages professionnels de 5e et 6e années sont maintenus. L’ANEPF demande que le cursus pharmaceutique intègre au plus vite le système LMD (licence master doctorat) en vigueur au plan européen. « Nous ne voulons pas que les étudiants qui entrent en fac cette année soient une génération sacrifiée », affirme Maxime Beltier. Il n’en est pas question, lui rétorque Dominique Porquet, président de la Conférence des doyens des facultés de pharmacie : « Nous mettrons en place le schéma LMD pour la rentrée 2011, que les arrêtés qui en précisent le contenu soient parus ou pas. » Doyens et étudiants risquent de ne pas tomber d’accord, cette fois, sur la question d’une présélection à l’entrée de la faculté. « L’idée était dans l’air depuis un moment. La première année commune n’est qu’un prétexte. Pour le moment, nous y sommes totalement opposés, par principe », indique Maxime Beltier. Cette présélection serait une autre révolution. Pour les nouveaux, cela aurait peut-être fait un peu trop.
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