Alors que la prochaine réunion multilatérale avec l’assurance-maladie approche à grands pas, le mouvement de mobilisation décidé par la profession continue de prendre forme. Son ampleur sera cependant déterminée par les propositions qui seront faites aux syndicats représentatifs de la profession la semaine prochaine.
Depuis la tenue du dernier groupe de travail entre la CNAM et les syndicats le 30 avril, les négociations conventionnelles ont été mises sur pause. La faute notamment à une semaine grignotée par deux jours fériés. C’est avec une impatience non dissimulée que l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) attend donc la réunion multilatérale prévue dans la matinée du mardi 14 mai. Un rendez-vous décisif qui conditionnera la suite des négociations mais aussi l’ampleur du mouvement de mobilisation déjà lancé par les pharmaciens dans plusieurs départements. « L’assurance-maladie continue à jouer la montre mais les pharmaciens, eux, ne peuvent plus attendre, déplorait ce mardi le président du syndicat, Pierre-Olivier Variot. Depuis le 1er décembre, aucune proposition économique ne nous a été faite, hormis la revalorisation des TROD de 6 à 9 euros. (Un montant jugé insuffisant par les syndicats). Nous avons besoin de résultats rapides et concrets », soutient le président de l’USPO.
En attendant de connaître les propositions de la CNAM, le syndicat n’entend pas relâcher la pression. Il appelle notamment les officinaux à continuer à faire signer la pétition lancée pour alerter les patients sur le risque de voir apparaître des déserts pharmaceutiques si le réseau ne bénéficie pas de mesures économiques suffisantes. À la date du 10 mai, cette pétition avait recueilli plus de 16 000 signatures sur le site « change.org ». Selon des chiffres avancés par l’USPO, plus de 100 000 signatures seraient même comptabilisées en comptant les pétitions papier que font circuler les pharmaciens au comptoir. « Le soutien des patients assurera la réussite de notre mouvement. Chaque jour, nous accompagnons nos patients dans leur parcours de soins, ce sont les ambassadeurs de la pharmacie. Les pouvoirs publics seront beaucoup plus sensibles à nos revendications, soutenues et portées par un grand nombre de patients », argumente le syndicat.
Deuxième étage de la fusée, la grève des gardes, prévue entre le 18 et le 20 mai. Certains syndicats départementaux ont déjà prévenu par écrit les agences régionales de santé (ARS) de leur volonté de ne pas assurer ce service durant le week-end de Pentecôte. « Si des pharmaciens sont de garde ce week-end-là et veulent participer au mouvement, ils peuvent tout d’abord se rapprocher de leur syndicat départemental puis signaler par écrit leur intention de faire grève à leur agence régionale de santé », rappelle Pierre-Olivier Variot. L’ARS aura bien entendu la possibilité de réquisitionner des officines pour assurer la continuité du service. Concernant la grève générale envisagée pour le 30 mai, les pharmaciens volontaires devront également en informer l’ARS. Quoi qu’il se passe lors de la multilatérale du 14 mai, l’USPO ne lèvera pas son appel à la grève. Il faut dire que les sujets de préoccupation ne manquent pas du côté des officinaux et que certains d’entre eux se situent hors du champ conventionnel. On pense notamment aux pénuries de médicament ou encore aux mesures envisagées par le projet de loi Ferracci (libéralisation de la vente en ligne, création de plateformes, stocks déportés…). Un texte qui serait divisé en deux volets dont l’un, celui concernant les pharmaciens, pourrait être débattu au parlement dès le mois de septembre.
Verra-t-on le 30 mai une grève aussi massive que celle de 2014 ? La multilatérale du 14 mai devrait permettre de répondre à cette question. C’est au lendemain de ce rendez-vous que le conseil d’administration de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) décidera à son tour de lancer, ou non, un appel national à la grève pour la journée du 30 mai.
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