« Je ressens cette décision comme une injustice, s’indigne Christine Monino-Clot, l’une des deux titulaires de la Grande Pharmacie à l’enseigne Médiprix. Castres est-il un État dans l’État ? Ne pas avoir le droit de travailler le lundi est aberrant, dans un pays qui prône la liberté d’entreprendre. Cela me rend furieuse ! Et plus encore ! » On s’en souvient, l’affaire a débuté en décembre dernier, quand son officine, récemment transférée dans les 1600m² d’un ancien Lidl, a commencé à ouvrir le lundi. Impensable à Castres, où la tradition officinale locale et un arrêté préfectoral de 1973 l’interdisent.
Les seize autres officines de la ville ont alors assigné la Grande Pharmacie devant le Conseil de l’Ordre, puis devant le juge des référés du TGI de Castres.
Lourde astreinte
Une réunion de conciliation, organisée le 23 janvier par le Conseil de L’ordre, a échoué, chacun campant sur ses positions. Dans le même temps, Bernard Champanet, président de la FSPF du Tarn, apportait son soutien à la Grande Pharmacie : « C’est désormais l’ARS qui gère ces questions. Aussi, l’arrêté préfectoral tombe de fait. Rien ne peut plus empêcher d’ouvrir le lundi. »
C’était donc à la Justice de trancher. Après avoir entendu les arguments des deux parties, le 9 février, le juge des référés a rendu son verdict le vendredi 9 mars, interdisant à la Grande Pharmacie d’ouvrir le lundi sous peine d’une lourde astreinte de 50 000 euros par infraction. Exactement la somme demandée à l’audience par Me André Thalamas, avocat des 16 pharmacies plaignantes : « Je ne suis pas surpris, précise l’avocat. Le juge a considéré les arguments de la défense comme inopérants. Le service à la population est parfaitement assuré par l’organisation actuelle. Certes, l’interdiction d’ouverture du lundi est un cas particulier dont j’ignore les raisons historiques, mais chacun se doit de respecter la loi. Pour une profession aussi importante et des personnes diplômées, il est bien triste d’en arriver là… » Point (c’est le seul) sur lequel les deux parties semblent s’accorder : « Ça ne grandit pas la profession, souligne Christine Monino-Clot. Si les patients ne peuvent être servis, ils iront sur Internet, avec les risques que l’on connaît… Ça dépasse l’entendement, mais on n’en restera pas là ! »
Combat médiatique et tensions locales
Dans un premier temps, la Grande Pharmacie va donc fermer à nouveau ses portes le lundi, le temps d’étudier les voies de recours possibles. Un appel contre la décision n’étant pas suspensif, l’officine et son groupement Médiprix semblent s’orienter vers une médiatisation de leur combat. Une pétition « pour l’ouverture de votre pharmacie à Castres le lundi, comme partout en France » aurait déjà recueilli 1 200 signatures dans cette ville de 45 000 habitants.
« Nous allons d’abord solliciter l’État, sans l’attaquer », confirme Jérôme Escojido, co-responsable de l’ambitieuse enseigne Médiprix. Il espère une prise de conscience des pouvoirs publics menant à l’abrogation de l’arrêté préfectoral. Sans cela, la Grande Pharmacie n’aura plus d’autre choix que d’attaquer l’arrêté devant le tribunal administratif. Une entreprise de très longue haleine…
En attendant, la situation castraise demeure tendue : « Notre vitrine a été taguée, notre parking et un de nos véhicules vandalisés… », indique Christine Monino-Clot.
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