Le fondateur et délégué général du groupe de chimie SNF, René Pich, a été placé en garde à vue lundi, puis relâché, dans le cadre d’une enquête pour exercice illégal de la pharmacie et de la médecine. Il aurait proposé à ses collaborateurs de leur fournir de la chloroquine sur demande en cas de symptômes de Covid-19.
Le pot aux roses a été découvert par les services d’inspection du travail de la Loire, qui en a fait le signalement le 31 mars dernier, déclenchant l’ouverture d’une enquête par le parquet de Saint-Étienne. Dans une note interne du 18 mars dont l’AFP a obtenu copie, René Pich informe ses cadres que SNF s’est procuré des comprimés de phosphate de chloroquine dont les salariés peuvent bénéficier en cas de symptômes de Covid-19 sur simple demande « auprès de la direction pour la délivrance du produit ». Le chef d'entreprise de 79 ans y indique même la posologie à suivre et justifie ce choix : « Nous nous sommes informés en Chine dès la fin janvier et nous avons compris que ce produit était la solution. Aujourd’hui, Trump aux USA, en passant au-dessus de toutes les procédures médicales, a préconisé ce produit pour tous les cas graves. Ce produit est maintenant utilisé avec succès en Chine, Corée du Sud et Thaïlande. »
Des perquisitions, réalisées lundi au domicile de René Pich et au siège de SNF, visaient à retrouver ces lots de phosphate de chloroquine, qui seraient importés d'Inde. Lors d'une audition libre vendredi dernier, le dirigeant a remis volontairement aux gendarmes cinq boîtes de phosphate de chloroquine, soit quelques centaines de comprimés. Le procureur de la République de Saint-Étienne précise qu’il s’agit « de produits non validés par les autorités de santé et dont l’importation est interdite ». D’autres cadres dirigeants du groupe ont été auditionnés par les enquêteurs, qui cherchent à identifier tous les participants de cette opération et à savoir si des salariés de SNF auraient consommé ce produit pour se soigner. Le syndicat CFDT de la chimie a déposé plainte vendredi auprès du parquet de Saint-Étienne pour mise en danger de la vie d’autrui, exercice illégal de la médecine et de la pharmacie et administration de substances vénéneuses. Le groupe SNF, créé en 1978 par René Pich, emploie 6 000 salariés dont 1 350 sur le site d'Andrézieux-Bouthéon.
Avec l'AFP.
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