Les chiffres 2023 arrêtés au 26 novembre dernier dévoilés par le GERS sont peu réjouissants. Outre l’accélération de la baisse du nombre de pharmacies en métropole au 2e semestre, dont l’effectif est passé sous la barre symbolique des 20 000 au 15 novembre dernier, le chiffre d’affaires global du réseau est, certes, en hausse 5 % sur 11 mois par rapport à la même période l’an dernier, « mais la marge ne suit pas », rappelle David Syr, directeur général adjoint de GERS Data. De plus, cette hausse est bien plus timide que celles enregistrées les années précédentes, comprises entre 15 % et 21 %. Pour la seule prescription de ville (49 % de parts de marché), la progression est de 3 % en 2023 (versus 7 % à 10 % entre 2019 et 2023), tout comme pour le marché du conseil (20 % de parts de marché) qui plafonne à 3 % de hausse (versus 17 % à 24 %). « C’est quasiment la croissance liée à l’inflation, donc on a un réseau qui, hors prescription, stagne », explique David Syr.
Même constat en ce qui concerne le trafic en pharmacie : le réseau enregistre 187 patients-consommateurs par jour au global entre septembre et novembre, comme en 2022 ; mais le nombre de visites chute de 3,9 % sur la partie conseil. « On avait déjà perçu que le panier moyen restait stable en valeur mais comprenait moins de produits, maintenant il y a aussi un étirement des achats en pharmacie pour essayer de juguler les impacts de l’inflation sur le pouvoir d’achat. » De fait, les nouveaux comportements des consommateurs sont particulièrement visibles sur les segments des compléments alimentaires et dispositifs médicaux oraux d’une part, et de la dermocosmétique d’autre part.
Rationaliser ses choix
Du 27 août au 19 novembre, le chiffre d’affaires du premier segment progresse de 8 % à 433 millions d’euros, « dont un tiers lié à l’inflation payée par le consommateur ». Surtout, le GERS Data constate un changement dans les comportements d’achat à partir de septembre. « L’impact sur le pouvoir d’achat pousse le consommateur à rationaliser ses choix, il regarde l’efficience du produit, donc son efficacité, sa pertinence, sa bonne tolérance, son empreinte sociétale et écoresponsable et son prix. »
La dermocosmétique progresse pour sa part de 14 % en chiffre d’affaires, du 27 août au 19 novembre par rapport à la même période en 2022, malgré une rationalisation des achats encore plus visible. Ainsi, en partant d’une base 100 à janvier 2020 pour le prix, on voit que celui-ci atteint 105,5 en juin 2022 et gagne plus de 6 points en juin 2023. Ces 6 points payés par le consommateur chutent à 3,6 points en septembre 2023. « Ce resserrement est très net et traduit ce que l’acheteur privilégie au regard de son besoin. » C’est ce que les grandes enseignes comme Carrefour appelle la « déconsommation », entre consommation plus responsable et réponse aux prix élevés. Face aux difficultés financières, l’heure n’est plus seulement à acheter moins cher mais aussi à acheter moins, tout court.
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