Avec la crise sanitaire, l’autotest est entré dans les mœurs. De l’autre côté des Alpes, les ventes de kits d’autodiagnostics sont en plein essor comme l’affirme une enquête rédigée par l’institut de recherches Pharma Data Factory.
Ce n’est plus seulement une tendance mais une véritable mode. En Italie, les ventes de kits d’autodiagnostic sont en plein essor car les Transalpins dévalisent ponctuellement les officines pour se constituer des stocks d’autotests permettant de dépister une maladie infectieuse ou chronique, de mesurer un taux hormonal ou encore, de déceler la présence d’alcool, de cannabis, voire de cocaïne. Afin de faire face à la demande, certaines officines n’hésitent pas à réaménager leur espace afin de dédier plusieurs rayons aux autotests.
Boom de l’autodiagnostic
Selon une enquête réalisée par l’institut de recherches Pharma Data Factory, les ventes dans les circuits de distribution et notamment dans les officines, ont bondi de 150 % à 300 % en 2023 et le chiffre d’affaires généré l’an dernier a dépassé les 83 millions d’euros. À titre d’exemple, les ventes de dépistages auto-administrés pour la détection du streptocoque ß– hémolytique du groupe À part prélèvement dans la gorge, ont augmenté de près de 4 % entre janvier et novembre 2023. Le scénario est identique pour les autotests ménopause en augmentation de 171 % l’an dernier. Il en est de même pour ceux qui permettent de déceler une carence en fer (+138 %), de rechercher la présence de sang dans les selles (+349 %), ou encore de détecter un dysfonctionnement de la thyroïde (+291 %). Les 11,5 millions d’autotests Covid sont toujours sur la première marche du podium du marché italien de l’autodiagnostic.
L’autre risque est de ne plus effectuer des analyses qui permettent de détecter des maladies parfois graves
Toutefois, dans ce segment, l’institut Pharma Data Factory note une baisse des ventes de 79 % en 2023 par rapport à l’année précédente liée à la fin de l'urgence Covid-19 au niveau mondial et à l’assouplissement des règles en Italie. Ce rapport note enfin, que les prix ont augmenté en moyenne de 17,4 % l’an dernier et de 26,8 % durant le dernier trimestre par rapport à l’année précédente à cause de la hausse de la demande.
Tous les tests ne sont pas fiables
Mais tout en suscitant l’enthousiasme de l’industrie qui renforce la production pour répondre à cette demande, l’engouement des Italiens inquiète les professionnels de santé. Attention, avertit par exemple le Dr Andrea Mandella, président de la Fédération des pharmaciens italiens (FOFI), « savoir utiliser les tests rapides ne veut pas dire qu’il faut leur faire totalement confiance sans demander conseil et surtout, une explication à un médecin ou à un pharmacien ». L’autre risque pour les Italiens, avertissent également les soignants, est de ne plus effectuer des analyses poussées qui permettent de détecter des maladies parfois graves. « Dans certains cas comme pour le coronavirus et le virus de l'immunodéficience humaine (VIH), les autotests sont de bons outils de dépistage car ils sont généralement fiables. Ce qui n’est pas toujours le cas en revanche pour d’autres maladies. Attention à l’improvisation », note le Pr. Gianni Rezza, ex-directeur du département de la prévention du ministère de la Santé.