Le GEMME appelle à capitaliser sur le médicament mature

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Publié le 05/04/2022

Fort d’une nouvelle étude qui confirme la confiance des Français dans le générique et des économies de près de 3 milliards d’euros que ces médicaments procurent chaque année à l’assurance-maladie, le GEMME appelle les candidats à la présidentielle à s’engager résolument en faveur des médicaments matures à travers 15 propositions.

Crédit photo : Phanie

Désormais assurés de l’efficacité et la sécurité des médicaments génériques, 94 % des Français acceptent le médicament générique prescrit par leur médecin ou substitué par leur pharmacien, dont 68 % de façon systématique et 28 % la plupart du temps. Ils sont aussi 90 % favorables à ce que la fabrication de génériques en France soit encouragée et préservée, 87 % à penser que les génériques permettent de diversifier les sources d’approvisionnement et d’éviter les ruptures et 86 % à dire qu’ils permettent d’assurer l’accès à des traitements qui, bien qu’anciens, sont indispensables à la prise en charge des Français*. Car, rappelle Sébastien Michel, vice-président des affaires publiques du GEMME, la majorité des génériques sont des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM) qui interviennent « dans un très grand nombre de pathologies, chroniques comme aiguës » et contribuent à la souveraineté sanitaire puisque 60 % sont fabriqués en France ou dans l’Union européenne.

Des atouts qui ne semblent pas suffisamment reconnus par les pouvoirs publics, selon le GEMME, qui a donc élaboré 15 propositions à l’intention des candidats à la présidentielle « pour enclencher une nouvelle dynamique dès le début du quinquennat ». Il appelle en premier lieu à élargir le champ du répertoire pour que les génériques, qui représentent actuellement 41 % des médicaments remboursés en France, se rapprochent des plus de 75 % observés au Royaume-Uni, en Allemagne ou aux Pays Bas. Il propose également de rendre effective l’obligation de prescription en DCI, d’en faire une règle par défaut dans les logiciels d’aide à la prescription (LAP), et de créer « des dispositifs incitatifs efficaces et lisibles pour les professionnels de santé ».

Souveraineté sanitaire

Côté biosimilaires, dont la pénétration en ville atteint péniblement les 25 %, il préconise de « publier une liste des médicaments substituables la plus large possible » et « d’instaurer la substitution systématique en initiation de traitement ». Pourrait être également mis en place, à la façon de l’expérimentation réussie à l’hôpital, un modèle d’économies partagées entre l’assurance-maladie, les médecins et les pharmaciens qui favorisent l’utilisation de biosimilaires. Outre des campagnes de communication à destination des professionnels de santé et du grand public, le GEMME aimerait que l’accès aux marchés soit facilité pour les médicaments matures présentant une nouvelle indication, une reformulation, une modification de la voie d’administration ou l’adjonction d’un dispositif innovant.

Une autre série de propositions s’attache à préserver l’attractivité de la France et poursuivre le renforcement de la souveraineté sanitaire, par exemple en instaurant un prix plancher pour les médicaments matures ou en réformant la clause de sauvegarde, cette taxe à laquelle les laboratoires sont soumis lorsque les dépenses de médicaments remboursés dépassent un seuil fixé par l’État.

Scandale

« Le marché du générique a progressé de 5,1 % en volume et de 2,9 % en valeur, mais ce n’est rien comparé aux 10 % d’évolution du marché du médicament hors générique. L’application de la clause de sauvegarde aux médicaments mature est un véritable scandale alors que le générique permet environ 3 milliards d’euros d’économies à la Sécurité sociale chaque année et qu’il subit une baisse de prix comprise entre 2 et 4 % tous les ans », explique Stéphane Joly. Preuve, pour le président du GEMME, que l’environnement français doit évoluer pour les médicaments matures, « le laboratoire Sunpharma, ex-Ranbaxy, leader mondial du générique, a décidé d’arrêter son activité générique en ville au 1er avril après 20 années de présence en France. » Une décision qui s’appuie sur la trop grande fragilité de la rentabilité du secteur, dès lors incapable de faire face à certains à-coups, que ce soit des baisses de prix, l’inclusion dans la clause de sauvegarde ou plus récemment la hausse des prix de l’énergie.

* Selon une étude Opinion Way pour le GEMME réalisée en ligne du 10 au 15 février dernier auprès d’un échantillon représentatif de 1 024 Français de 18 ans et plus.

Mélanie Mazière

Source : lequotidiendupharmacien.fr