Le Quotidien du pharmacien.- Face à une inflation qui a atteint 5,8 % fin août, quelles sont vos marges de manœuvre pour atténuer ce choc sur le prix de vente au consommateur ?
David Abenhaim.- La loi Hamon de 2014 prévoit à l’issue des négociations commerciales annuelles un prix fixe pour la durée de la convention. Guerre en Ukraine oblige, une charte a été adoptée le 31 mars 2022 sous l’égide du gouvernement qui accepte le principe de la reprise de négociation autour du tarif. Pour autant, elle n’a pas eu lieu avec les fournisseurs qui ont « poussé » les tarifs de manière autoritaire. Résultat, les prix ont augmenté de 5 à 10 points dans le meilleur des cas. Cette hausse est pondérée car l’inflation se fait ressentir de manière inégale entre les produits de faible rotation et les gammes les plus vendues.
La conséquence est une déstabilisation de notre politique de prix à laquelle nous devons à nouveau travailler (arrondis de prix, prix psychologique, prix d’attaque…) Cependant, nous nous devons de pratiquer une politique de prix raisonnable, notamment pour les produits de première nécessité, les plus vendus.
Il est d’ores et déjà clair que nous allons prendre à notre charge une partie de cette hausse des prix, ce qui va inéluctablement rogner notre marge. Les bénéfices, que nous avons pu engranger au cours des derniers mois, vont être utilisés pour faire face à l’inflation. Car il s’agit de maintenir le niveau de consommation qui, irrémédiablement, baisse en période d’inflation. On le constate dans d’autres domaines, la demande s’infléchit au fur et à mesure que les prix augmentent.
Le réseau Pharmabest va donc prendre à sa charge une partie de cette hausse pour maintenir les prix accessibles pour les Français. Nous avions déjà adopté ce principe de bouclier avec les produits de santé Covid, tels que les masques et les gels. Nous avons eu raison car l’épidémie a repris. Un deuxième bouclier s’impose désormais et nous allons travailler sur les produits d’hygiène et de toilette.
Les industriels ne sont-ils pas sensibles aux risques qui pèsent sur le pouvoir d’achat ?
Il faut tout d’abord constater que certains produits sont très impactés par la hausse des matières premières, telles que le plastique, le verre et, de manière générale, les emballages et le transport. Ceci dit, certains fabricants par opportunisme invoquent cette hausse de prix pour justifier une augmentation douteuse de leurs tarifs sans pouvoir toutefois le justifier. Tout est affaire de discussions avec les industriels. Certains, en position de force, répercutent le coût de l’inflation sans entamer la négociation. Certaines marques sont plus raisonnables et savent que leurs ventes seront impactées et nous proposent un soutien en promotion à l’officine.
Le retour de l’inflation signe-t-il l’âge d’or des marques propres ?
C’est un fait certain que, dans ce contexte, les marques propres vont détenir une place prépondérante. Car à produit équivalent, il est possible d’obtenir un prix plus bas en raison d’un circuit plus court et de l’absence de marketing. Pour autant, les coûts de matière première resteront les mêmes… Chez Pharmabest, nous intensifions les lancements dans notre marque propre Pharmascience et incrémentons de plus en plus nos gammes. Après la phytothérapie, les compléments alimentaires, les huiles essentielles ont suivi les mono produits plus orientés santé, comme le magnésium marin ou la vitamine D3. Dès ce mois de septembre, nous allons élargir l’offre avec dix produits dans une gamme de probiotiques. Nous continuerons par ailleurs à travailler sur d’autres catégories de produits (hygiène toilette santé) qui sortiront d’ici à la fin de l’année.
David Abenhaim, président de Pharmabest
« Les bénéfices réalisés au cours des derniers mois vont être utilisés pour faire face à l’inflation »
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Publié le 06/09/2022
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Crédit photo : DR
Propos recueillis par Marie Bonte
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Source : lequotidiendupharmacien.fr
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