En Suisse, 5 562 pharmaciens travaillent dans les 1 806 pharmacies publiques du pays. Comme en France, ils sont eux aussi concernés par des mesures prises pour réduire les coûts de santé, bien qu’ils n’en représentent que 6,3 %, contre 35,2 % pour les hôpitaux et 19,8 % pour les médecins généralistes ou spécialistes.
« Les coûts de la santé ne cessent d’augmenter, ce qui est en partie explicable par le vieillissement de la population, explique Nicole Demierre Rossier, porte-parole pour la Suisse romande de la Société suisse des pharmaciens, PharmaSuisse. Cette augmentation a une incidence sur les primes de l’assurance-maladie obligatoire payée par la population. Les pouvoirs publics ont donc lancé un programme de maîtrise des coûts sur différents fronts et par étapes. »
Un premier volet de neuf mesures a déjà été mis en consultation par le Conseil fédéral en 2019. PharmaSuisse s’y est opposée en déposant une pétition au printemps 2019. Le projet prévoyait notamment un droit de substitution pour les pharmaciens, un système de prix de référence pour les médicaments dont le brevet a expiré et une réduction de la part relative à la distribution. La pétition a récolté plus de 340 000 signatures en 60 jours. Ces mesures ont finalement été abandonnées par les pouvoirs publics lors d’un vote fin août 2020.
Une rémunération basée sur les prestations
Le 19 août 2020, le Conseil fédéral a ouvert une consultation sur un deuxième volet de neuf mesures. Dans ce cadre, PharmaSuisse demande une révision de la part de distribution. « Jusqu’ici, les prestations officinales liées à la remise de médicaments sur ordonnance médicale à la charge de l’assurance obligatoire des soins étaient essentiellement couvertes par l’indemnisation des coûts de distribution (part relative à la distribution) », explique la Société suisse des pharmaciens. PharmaSuisse demande que l’ensemble des prestations axées sur le patient soient rémunérées par l’intermédiaire de la convention tarifaire (rémunération basée sur les prestations, RBP) prévue à cet effet. Conclue avec les assurances-maladie depuis 2001, elle permet au pharmacien de facturer les prestations qu’il a fournies lors de la remise d’un médicament sur ordonnance et à charge des caisses indépendamment du prix et du nombre de boîtes remises. « Depuis l’introduction de la RBP, le coût des médicaments augmente nettement moins vite que les autres coûts de la santé », souligne PharmaSuisse.
La RBP IV est en cours d’évolution vers la RBP V. « Il s’agit d’adapter le système des marges de distribution en vigueur, avec une prime fixe dépendant du prix et une prime en pourcentage par emballage. Les frais de personnel liés aux prestations axées sur les patients, actuellement rémunérés par la part relative à la distribution, doivent dorénavant être intégrés à la RBP, car le travail généré par la remise d’un médicament peu coûteux ou onéreux est le même », note PharmaSuisse. « Cette approche vise à protéger les pharmaciens des fluctuations des prix de fabrique et des modifications des marges par les autorités. En outre, en dissociant rémunération et prix du médicament, on favorise la remise de produits génériques, moins chers », indique-t-elle. La consultation sur ce deuxième volet de mesures doit durer jusqu’au 19 novembre 2020.
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