Les exemples se multiplient : les centres de soins dentaires et d’ophtalmologie, dont 31 ont été fermés en France pour fraude, mais aussi les centres d’audioprothèse et les laboratoires de biologie et bientôt les cabinets de radiologie. Ces secteurs entiers se sont laissés pénétrer par des fonds de pension souvent d’origine étrangère avec des montages financiers opaques.
Mais la finalité reste la même : faire des profits rapides dans des secteurs solvabilisés par les cotisations sociales tout en dépossédant le professionnel de santé de son outil de travail et de son indépendance. L’étape suivante est la concentration de ces services dans les zones rentables au détriment d’une santé de proximité sur tout le territoire.
Que devient le patient dans cette dérive de l’organisation des soins ? L’assurance maladie est de plus en plus inquiète au vu du montant des fraudes détectées et demande depuis un an la création d’un observatoire de ces dérives. Une commission sénatoriale est en train de rédiger un rapport sur les risques de cette financiarisation. Dans ce marasme, les pharmacies d’officine résistent, mais les prédateurs sont prêts à pousser la porte en contournant les règles installées par la profession pour les patients.
La manœuvre est simple. Elle consiste à développer la vente de médicaments par Internet par l’intermédiaire de plateformes de type Amazon. Ces plateformes sont « le cheval de Troie » de la financiarisation de la pharmacie et vont fragiliser encore plus les pharmacies des zones rurales. Les pharmacies françaises sont présentes sur l’ensemble des territoires, ce qui constitue un formidable atout pour l’accès aux soins et pour la qualité de la prise en charge des patients. Tout le monde se félicite des règles qui organisent l’offre pharmaceutique en France, un secteur solide et capable de s’adapter comme nous l’avons constaté en pleine crise sanitaire pour protéger et accompagner toute la population.
Cette dérégulation réduirait le médicament à de la consommation, exactement l’inverse des objectifs de l’assurance-maladie et de tous les professionnels de santé. La politique doit être claire et cohérente pour un secteur de la santé de plus en plus en souffrance et présenté comme la seconde préoccupation des Français. Nous demandons, au contraire, des garanties pour que chaque professionnel puisse exercer son métier en toute indépendance, de contrer avec efficacité cette financiarisation rampante de la santé, de renoncer à un projet de texte législatif contribuant à déréguler la pharmacie. Les patients doivent être protégés et avoir un égal accès aux soins dans tous les territoires.
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