Le Quotidien du pharmacien.- Beaucoup de pharmaciens semblent encore ignorer le rôle et les fonctions des URPS. Comment expliquer cette méconnaissance ?
Renaud Nadjahi.- Il est vrai que les URPS disposent de moyens limités pour communiquer auprès de la profession. Ainsi l'URPS d'Île-de-France, qui est la plus importante de l'Hexagone puisque plus de 3 700 pharmacies y sont rattachées, détient un budget de 450 000 euros, dont un tiers est alloué aux salaires des permanents et 18 % aux frais d'indemnités des élus. Aussi il est difficile dans ces conditions de lancer des actions fortes en termes de communication qui est pourtant un axe important à développer. L'outil monpharmacien.fr en a été une qui a contribué à notre notoriété. Nous sommes à la recherche de sponsors qui, par le passé, ont pu nous soutenir dans des expérimentations, telle celle du TROD angine que nous avions lancée avec le soutien d'un laboratoire. Mais ils sont tenus aujourd'hui à la loi sur la transparence.
Les attentes des pouvoirs publics à l'égard des URPS ont-elles évolué au cours des dernières années ?
Très clairement. Mais je dirais malgré eux. Car avec la crise sanitaire la pharmacie a démontré qu'elle pouvait répondre aux besoins en matière de dépistage avec les tests antigéniques et de vaccination et se placer parmi les principaux acteurs de cette lutte contre le Covid. C'est également le cas avec la vaccination contre la grippe. Aussi quand l'ARS a souhaité donner un coup de collier à la sérialisation, l'Île-de-France étant la région la moins engagée dans cette voie, c'est vers les URPS et l'Ordre qu'elle s'est tournée. Nous avons donc rempli notre mission en accompagnant les pharmaciens à répondre à cette nouvelle contrainte. Il était de notre rôle de mettre des moyens à leur disposition pour les aider. De même, nous les soutenons également sur le chapitre numérique pour leurs messageries sécurisées, la protection (RGPD) ou encore la sauvegarde des données.
Le champ d'action des URPS est-il amené à être étendu pour répondre aux problématiques d'accès aux soins dans les territoires ?
Cela relève d'une mission régalienne des URPS. Le pharmacien est toujours engagé dans l'accès aux soins mais cela n'est valorisé par personne. Ainsi, que ce soit les DM en traumatologie ou les substituts nicotiniques, nous détenons les produits mais, au contraire des autres professionnels de santé, nous ne pouvons pas les prescrire. Nous devons également en même temps continuer à revendiquer notre rôle dans la prise en charge des petites pathologies, et le renouvellement des traitements pour les personnes chroniques dans un cadre déterminé, notamment en Ehpad, avec une information du médecin. Nous sommes à une époque où la demande de la population est telle qu'il faut libérer de l'énergie. À travers les expérimentations qu'elles mènent, les URPS apportent des arguments pour démontrer aux pouvoirs publics que les pharmaciens en ont les capacités. Il est normal de passer par cette étape car l'État ne peut pas s'engager sur tout.
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