Le nombre record de changements de prix, intervenus au cours de l’année – 970 contre 486 en 2023-, ont des effets palpables sur les chiffres présentés par GERS Data. Après trois années de croissance, le marché du médicament remboursable émet des signes de faiblesse avec une hausse de 6,1 %, contre 7,7 % il y a encore un an. Le mois d’octobre marque même le pas. Les chiffres de GERS Data signalent en effet une stagnation du chiffre d’affaires en prescription de ville au mois dernier comparé à octobre 2023. Cette tendance est le résultat de trois facteurs, analyse Patrick Oscar, délégué général de GIE GERS : la baisse des prix certes mais aussi la perte de brevets et le déremboursement des produits de contraste. Sur l’ensemble des dix mois de l’année, ceux-ci subissent un recul de plus de 70 % de leur chiffre d’affaires, de l’ordre de 135 millions d’euros. « Hors produits de contraste et molécules génériquées depuis 2023, le marché du médicament remboursable connaîtrait une évolution de 7,9 % », note le directeur général de GERS Data. Pas suffisant pour autant pour permettre à l’économie officinale de résister aux baisses de prix qui devraient atteindre 853 millions d’euros sur l’ensemble de cette année. Sans compter l’effet report des baisses de prix effectuées en 2024 de l’ordre de 224 millions d’euros qui interviendra l’année prochaine, souligne GERS Data. Des projections qui trouvent un écho particulier à quelques jours de la présentation au Sénat du texte de loi sur le financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025…
Le poids de la TVA est non négligeable dans le prix public
David Syr, directeur général GERS Data
Plus 10 % sur l’ORL
Ce ne sont pas les médicaments onéreux (prix supérieur à 469,97 euros) qui pourront sauver la mise. Car si leurs ventes en valeur progressent de 12 % pour représenter 0,4 % des volumes vendus en officine, la lecture entre chiffre d’affaires et marge est plus que jamais tronquée, comme le rappelle Patrick Oscar.
Faut-il dans ce contexte miser sur le développement du médicament conseil ? À en croire l’analyse de David Syr, directeur général de GERS Data, le pharmacien a des cartes à jouer dans son rôle d’accompagnement du patient (voir également page 10). Les ventes en valeur dans l’univers « santé familiale » sont en hausse de 2,7 %. Et même de 4 % pour le seul mois d’octobre. Un sursaut à relativiser cependant, comme le signale David Syr. Car il est essentiellement induit par la hausse de prix et par le jour ouvré supplémentaire du mois d’octobre. « Le trafic a certes augmenté de 2 % par rapport au début d’année mais si l’on corrige cette variation mensuelle, le mois d’octobre est même légèrement négatif », ne manque pas de remarquer le directeur général de GERS Data. En volume, la même morosité règne depuis le début de l’année sur l’ensemble des univers de la pharmacie, le rayon « bébé-maman » subissant une nette stagnation-. À l’exception des segments de la beauté et de la diététique qui enregistrent une progression respective de 8,6 % et de 8,2 %. Ou encore de certaines classes de produits comme l’ORL dont les ventes en valeur (125 millions d’euros) ont bondi de 10,3 %, portées à 86,6 % par le conseil du pharmacien. « Cette partie conseil est d’ailleurs la seule à croître (4,5 %) et à contribuer à la croissance de la « santé familiale » tandis que la prescription au sein de ce segment est « flat » », remarque David Syr, notant un renforcement du rôle d’accompagnement du pharmacien dans la prise en charge des patients. Dans cet univers, les deux segments les plus contributeurs à la croissance sont les produits de TVA à 10 % et ceux de TVA à 20 %. Or, insiste le directeur général du GERS Data, « il est essentiel de différencier entre les prix moyens TTC et les prix moyens HT. À titre d’exemple, le prix moyen HT d’un produit du segment de TVA à 5,5 % sera plus élevé (7,67 euros) que celui d’un produit à TVA à 20 % qui atteindra en moyenne 7,40 euros HT. Alors même qu’en prix TTC le rapport est inversé ». Un constat qui peut paraître étonnant mais qui appelle à analyser de plus près le poids de la TVA sur le prix des produits de médication familiale. « Elle est non négligeable dans le prix public de ce segment », conclut David Syr.
D’après le 35e atelier GERS Data du 5 novembre
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