Nommé Premier ministre pour remplacer Gabriel Attal après 51 jours de flou politique, Michel Barnier, ex-ministre sous Sarkozy, Chirac et Mitterrand et négociateur du Brexit, doit désormais constituer son gouvernement. Et reprendre les dossiers urgents, notamment la préparation du budget des prochaines dépenses de santé.
La nomination à Matignon, le 5 septembre, de Michel Barnier (Les Républicains) a été saluée par de nombreux acteurs de la santé, qui sont cependant restés prudents. En effet, le nouveau Premier ministre, âgé de 73 ans, avec une expérience politique au niveau national (ex-ministre de l’Environnement, de l’Agriculture et de la Pêche, des Affaires étrangères) et européen (ex-commissaire européen et négociateur du Brexit), arrive dans un contexte d’urgence économique et sociale et aura pour première mission de préparer les budgets pour 2025, dont celui de la Sécurité sociale. Des économies que devront notamment porter les officines, comme le propose déjà l’assurance-maladie.
« Face aux grands défis de notre société, en particulier celui du vieillissement de la population et de la prévalence des maladies chroniques, les Français ont plus que jamais besoin d’une offre de soins de proximité forte. En raison de son efficience, l’exercice libéral devra à cet égard être soutenu. Cela passe d’abord par la préservation de l’activité économique de nos cabinets, laboratoires et officines », ont réagi les Libéraux de santé (LDS), organisation intersyndicale de professionnels de santé libéraux (dont la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France) dans un communiqué le 5 septembre.
Il lui faudra avant tout nommer un gouvernement. Lors de son discours de passation de pouvoir où il a promis « des changements et des ruptures », Michel Barnier a cité ses priorités législatives et ses propositions : l’accès aux services publics, l’école, la sécurité au quotidien, la maîtrise de l’immigration, le travail et « le niveau de vie des Français ». Un peu comme dans son programme des primaires LR à l’élection présidentielle de 2022, dans lequel il proposait d’ailleurs de « supprimer l’aide médicale d’État sauf pour les urgences ». Mais il n’a pas clairement cité la santé.
Celui ou celle qui héritera justement de la Santé aura bien des dossiers à reprendre. En attente : une extension du droit de substitution des biosimilaires, des nouvelles missions pour le pharmacien (et notamment l’expérimentation d’un remboursement des substituts nicotiniques délivrés sans ordonnance), le droit de vaccination pour les préparateurs, l’extension du renouvellement exceptionnel des ordonnances périmées à 3 mois, un code de déontologie perdu au ministère depuis Olivier Véran, une loi sur la fin de vie dans laquelle le pharmacien aura un rôle, etc. Il lui faudra aussi veiller à la préservation du maillage officinal. Sur la table aussi, pour le futur ministre de l’Enseignement supérieur, la réforme du troisième cycle des études de pharmacie.
Enfin, reste à savoir si dans son discours de politique générale, Michel Barnier poursuivra la piste de son prédécesseur de déverrouiller les professions libérales et la vente en ligne de médicaments par les pharmacies.
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