Le Quotidien du pharmacien. - Vous avez pris, le 6 avril, la succession de Lucien Bennatan, fondateur de PHR, avec quelle feuille de route pour les mois à venir ?
François Tesson. - Ma stratégie s’inscrit dans la continuité de ce qui a fait le groupe jusqu’à présent, c’est-à-dire une pharmacie résolument tournée vers la délivrance du médicament, les nouvelles technologies et orientée à 360° vers le patient. J’ai à cœur de conserver cet ADN tout en explorant de nouveaux territoires dans l’accompagnement du patient, notamment dans le cadre de notre cabinet pharmaceutique : « Osez la santé, c’est mieux pour la vie ».
Le cadre conventionnel a lui aussi évolué avec les entretiens pharmaceutiques, le bilan de médication et plus récemment avec la dispensation protocolisée et le pharmacien correspondant. Comment garder une longueur d’avance dans ces conditions ?
Nous avons toujours été avant-gardistes et nous souhaitons le rester grâce notamment à notre connaissance et à notre prise en charge du patient. L’harmonisation de cette approche au travers de notre enseigne et la mise à disposition d’outils nous permettent de nous différencier d’autres enseignes. Par ailleurs, la crise sanitaire que nous traversons depuis plus d’un an a fait du pharmacien un acteur majeur dans le système de santé. Nous allons plus loin dans notre prise en charge du patient en l’accompagnant à domicile, avec notre application et dans la facilitation du soin lié aux pathologies. Nous sommes plus que jamais dans l’anticipation face aux évolutions conventionnelles. C’est ainsi que nous devons axer nos efforts dans le prédiagnostic, le dépistage, le suivi et l’observance, grâce à notre expertise du médicament.
Qu’entendez-vous par expertise du médicament pour un réseau de pharmaciens ?
Notre faculté à répondre efficacement au mix produit majoritairement médicamenteux de nos adhérents et affiliés est l’un des éléments clé de différenciation de PHR. C’est-à-dire que le patient est appréhendé en sa qualité de patient, et non à l’inverse à partir de l’opportunité de l’offre. Il en est de même pour la mise à disposition des services liés à l’enseigne. Très tôt, la digitalisation du point de vente avec, notamment la borne d’accueil qui permet la reconnaissance du patient/consommateur, ou encore le cabinet pharmaceutique, ont permis de développer cet esprit. Nous allons ainsi continuer à développer nos produits de MDD - 380 références aujourd’hui, plus de 450 demain - afin que les soins « collent » encore mieux aux pathologies, aux besoins en accessoires, tout cela pour améliorer le quotidien du patient qui doit trouver une offre de soins adaptée. Toujours sur cette trajectoire, nous sommes en train de développer une offre 360° patient en MAD/HAD.
Votre appartenance à un grand groupe tel que Mc Kesson, incluant répartition pharmaceutique et retail, est-elle une plus-value pour les adhérents de PHR ?
En tout état de cause, cette appartenance à un grand groupe de retail donne une cohérence à l’approche de nos trois réseaux*. Elle nous confère une force de frappe multimarque et donne à chacun le pouvoir de mettre en lumière son positionnement. Nous profitons du savoir-faire retail de Mc Kesson pour mettre en place des stratégies MDD, des solutions d’optimisation logistique et, bien entendu, nous disposons de capacités de développement en conséquence. À nous ensuite de tirer parti de ces avantages pour le bénéfice de nos adhérents.
Comment définiriez-vous cet esprit retail ?
C’est avant tout créer une demande, qu’elle soit dans le produit, les compétences ou le service. C’est le parcours patient qui détermine l’esprit retail. Notre enseigne MaPharmacieRéférence est ainsi positionnée tant sur le service au patient que sur le sell out avec 80 % de mix produit médicaments remboursés, un panier moyen de 4 euros supérieur à la moyenne et un chiffre d’affaires moyen par officine de 2,4 millions d’euros. Les 1 340 pharmacies du groupement quant à elles réalisent un chiffre d’affaires moyen de 1,7 million d’euros.
Prévoyez-vous une accélération de la mise à l’enseigne ?
Très certainement. Ainsi, de 100 pharmacies sous enseigne aujourd’hui, nous devrions passer à 250 dans trois ans. Cette évolution passera principalement par la conversion des adhérents et par le développement des adhésions, notamment en prenant encore plus en compte les évolutions des équipes officinales de nos adhérents.
Vous l’avez évoqué, l’année écoulée a vu se développer de nouvelles opportunités métier pour le pharmacien. Comment envisagez-vous accompagner vos adhérents dans la phase post-Covid ?
Comme nous avons su répondre présents auprès de nos adhérents tout au long des quinze mois écoulés, nous continuerons à répondre dans une logistique long-termiste à tous leurs besoins en équipements de protection individuelle (EPI) ou encore en communication. Sur le volet de l’accompagnement du patient, nous décelons de réels besoins dans la mesure où la médecine n’a pas toujours été en mesure d’assurer un suivi complet pendant la crise. Je pense particulièrement aux opérations du cœur et aux greffes qui ont été reportées, aux dialyses qui ont été dégradées ou encore aux carences de dépistage du cancer. Le pharmacien a un rôle à jouer pour prendre en charge ces patients qui ont été moins bien suivis.
PHR, héritant d’un positionnement précoce dans l’approche digitale de la pharmacie, est-il aujourd’hui plus légitime que d’autres pour aborder l’interprofessionnalité et l’exercice coordonné qui signeront la santé de demain ?
La constitution de réseaux joue en effet un rôle fondamental. Et les pharmaciens ont prouvé pendant la crise qu’ils étaient capables de travailler avec les laboratoires, les infirmiers et les médecins. Il faut capitaliser sur ces expériences pour pouvoir en profiter dans l’intérêt du suivi du patient. Dotés de nos outils, nous avons un système d’information à monter afin de constituer un réseau autour du patient. Nos points de vente digitalisés disposent de tous les outils nécessaires à l’interpro tandis que notre appli permet de centraliser les prises de rendez-vous. Le groupe PHR est plus que jamais le partenaire des pharmaciens qui partagent ces valeurs en faveur du patient « C’est mieux pour ma santé ! »
* PHR, Pharmactiv et Réseau Santé.
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