Donner la possibilité aux pharmaciens de réaliser des TROD sérologiques pour le Covid-19 : ni plus ni moins qu'un « casus belli » pour les biologistes qui ne cachent pas leur inquiétude depuis de longues semaines et encore davantage depuis l'annonce de la secrétaire d'État à la Santé, le 16 juin. Par la voix des différents syndicats qui représentent leur profession, les biologistes ont à maintes reprises exprimé leur courroux, mais aussi leurs interrogations quant à « l'intérêt d'une telle mesure pour la santé publique », comme ils l'ont écrit dans un récent communiqué commun. Sur les réseaux sociaux et en coulisses, les virulentes passes d'armes entre ces derniers et les partisans du TROD Covid en officine illustrent l'état de tension qui existe entre les deux camps sur ce sujet. À en croire François Blanchecotte, président du syndicat national des biologistes, la rupture avec le Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP) semble même à présent inéluctable. « Il faut quitter le CNOP, c'est ma conviction et je n'hésite pas à le dire. Il faut que nous devenions une profession à part entière. Le champ pris par les pharmaciens d'officine est devenu impossible à gérer, peut-être remplaceront-ils les médecins un jour, je ne sais pas… quoi qu'il en soit nous ne sommes désormais plus au stade du dialogue constructif avec le CNOP, ce temps-là est définitivement terminé », déclare-t-il au « Quotidien ».
Le sujet des TROD Covid semble être la goutte d'eau qui fait déborder le vase pour des biologistes qui avaient déjà peu goûté l'épisode des TROD angine et l'arrivée en officine de la vaccination antigrippale. Deux points sont souvent mis en avant par les biologistes qui militent contre la pratique du TROD Covid en officine : les difficultés d’utilisation et la complexité́ de l’interprétation des résultats de ces tests sérologiques. Reprenant les doutes déjà soulevés par différentes sociétés savantes, ils évoquent notamment « le risque important de faux négatifs et positifs ; les incertitudes sur la durée de protection des anticorps ; la possibilité́ de contagion (que les tests soient positifs ou négatifs) », et vont même jusqu'à redouter qu'un patient « se croyant faussement protégé puisse être à l’origine d'un nouveau cluster ». En conséquence, les syndicats de biologistes estiment donc « nécessaire que l’utilisation et l’interprétation de ces examens sérologiques soient réalisées par un expert du diagnostic », ce que ne sont pas les pharmaciens selon leur ressenti. Dans leur argumentaire, les biologistes estiment aussi qu'il est impossible, en officine, d'assurer la traçabilité des résultats sérologiques avec rédaction d’un compte rendu biologique, rendant de fait impossible selon eux « un suivi épidémiologique optimal ».
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