« Au départ, nous avons voulu créer l’association en 2009 pour traiter le problème des déchets d’activités de soins à risques infectieux (DASRI) », se souvient Hervé Le Tessier, titulaire de la pharmacie de la Saône à Caluire et président de l’AssPhac, l’association des pharmaciens de Caluire-et-Cuire, une ville située à côté de Lyon.
« Nous avions recensé 450 diabétiques de type I à Caluire. Nous avons demandé une subvention à la mairie, qui a accepté. L’association faisait donc appel à un prestataire qui passait dans les quinze officines de la ville pour récolter les boîtes jaunes. Notre deuxième objectif était de promouvoir les formations à l’intérieur de notre profession, mais aussi de rencontrer les autres professions de santé afin de faire avancer la santé publique ».
Les pharmaciens de la ville s’intéressaient en effet depuis longtemps à l’interprofessionnalité. « Nous organisons depuis 2000 une soirée de formation chaque année, où nous invitons tous les professionnels de santé », déclare Hervé le Tessier. « L’idée est d’essayer de créer des ponts avec les médecins traitants et les établissements hospitaliers pour anticiper les sorties d’hôpital, d’apporter des services, de dépistage par exemple, et de nous former à certaines pathologies plus spécifiques afin de proposer un acte pharmaceutique de qualité », détaille-t-il.
Les pharmaciens caluirards ont par exemple reçu des formations sur les stomies, le diabète, la BPCO, ou encore la vaccination. « Nous faisons systématiquement appel à un spécialiste de Caluire. Selon les sessions de formation, il peut y avoir entre 50 et 80 participants ». En avril, l’association a organisé une soirée d’information sur les risques sanitaires exceptionnels (bactériologiques, chimiques), à laquelle elle a convié les autres professionnels de santé, mais aussi les élus et les représentants de la mairie.
Dialogue avec les médecins
Alexandra Ayme, titulaire de la pharmacie Jean Moulin à Caluire et membre de l’association, estime que ces sessions « ont permis aux pharmaciens de rencontrer les prescripteurs ». « On se rend compte qu’on a souvent les mêmes problématiques avec les patients. Cela nous permet de comprendre comment ils fonctionnent ce qui resserre beaucoup les liens. On sait qu’en cas de problème on peut les appeler et réciproquement. Cela permet vraiment un dialogue différent en cas de pépin et ça apporte énormément dans la prise en charge », apprécie-t-elle. Les pharmaciens organisent trois ou quatre sessions de formation chaque année. « Cela nous permet de mettre ensuite en place des campagnes de dépistage ou de sensibilisation dans nos officines », explique Alexandra Ayme.
Leur dernière campagne portait sur l’apnée du sommeil. « On pose six questions sur des situations de la journée : être assis en train de lire, de regarder la télévision, faire un long voyage, etc. Le patient doit évaluer son risque de s’assoupir. Le total permet de déterminer un score qui peut révéler un déficit du sommeil et permet d’orienter le patient vers le médecin pour un vrai diagnostic », détaille-t-elle.
D’autres campagnes reviennent régulièrement chaque année, notamment le dépistage de la BPCO et du diabète. « On fait tout ça pour le patient, pour l’accompagner au mieux, souligne Alexandra Ayme. Les patients peuvent être très curieux. Souvent, ils ne connaissaient pas la BPCO quand on a commencé à mettre en place la campagne sur ce sujet. Ce qui est intéressant, ce n’est pas forcément le test en lui-même mais plutôt le fait d’ouvrir le dialogue sur des maladies pas toujours connues. Et les médecins sont toujours avertis quand on met en place des dépistages ».
Pour elle, l’association a permis aux pharmaciens de se rapprocher des autres professionnels de santé. « On peut ainsi les informer sur le rôle du pharmacien et valoriser les compétences de notre métier qui ne sont pas toujours bien reconnues. J’aimerais vraiment qu’on arrive à travailler ensemble, à accepter les compétences et qualités de chacun et à dialoguer », déclare-t-elle.
Parmi les projets de l’association, le président Hervé Le Tessier indique qu’une formation sur le thème de la chirurgie reconstructrice aura lieu le 16 juin. Il aimerait aussi prévoir une session sur la cicatrisation, en invitant les infirmières, et sur le diabète et les systèmes d’injection. Une chose est sûre : les pharmaciens de l’AssPhac ne manquent pas d’idées pour promouvoir l’interprofessionnalité !
Note : l’association a un site internet : assphac.fr et un compte Twitter @Assphac_pharma.
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