Depuis ce lundi et pendant dix semaines, quarante supermarchés situés en Ile-de-France, en Normandie, dans les Hauts de France (anciennement Nord-Pas-de-Calais et Picardie) et en Auvergne Rhône-Alpes testent quatre systèmes d'étiquetage nutritionnel. L'expérimentation concerne près de 1 300 produits des rayons traiteur frais, viennoiserie industrielle, pains et pâtisserie industriels et plats cuisinés en conserve. Vingt supermarchés servent de magasins témoins. 29 industriels et 3 marques distributeurs ont accepté de participer à la démarche. « Il s'agit de voir lequel de ces systèmes est le plus susceptible de modifier les actes d'achat », explique le directeur général de la Santé, Benoît Vallet. Le ministère de la Santé choisira, à la fin de l'expérimentation, le système d'étiquetage le plus efficace. Un choix qui prendra en compte le rapport classant ces quatre étiquetages, rendu en décembre dernier.
Critiques
L'objectif est d'orienter les consommateurs vers des produits plus équilibrés, moins riches en gras, en sel et en sucre, afin de lutter contre la progression de l'obésité, qui touche actuellement 15 % de la population française, et des maladies cardiovasculaires. Un premier principe d'étiquetage à cinq couleurs, du vert au rouge, proposé par l'épidémiologiste Serge Hercberg dès 2014 et préconisé par le Haut conseil de la santé publique (HCSP) a été massivement rejeté par les industriels de l'agroalimentaire qui le jugent stigmatisant. C'est pourquoi la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a accédé à leur demande d'une étude en conditions réelles d'achat. Ce logo « Nutri-score » est en compétition avec « Nutri-couleurs », un logo trois couleurs en vigueur au Royaume-Uni, « Nutri-repère » conçu par l'industrie agroalimentaire et « SENS ou Score d’étiquetage nutritionnel simplifié » défendu par la grande distribution.
L'expérimentation soulève de nombreuses critiques, notamment de la part de chercheurs qui dénoncent le manque d'impartialité du comité d'évaluation mis en place. En avril dernier, trois chercheurs ont quitté le comité scientifique en charge du protocole de l'étude. En juin, le président du HCSP, Roger Salamon, affirmait que l'étude était « en totale opposition avec ses recommandations » et risquait « d’être contre-productive ». Début juillet, le PDG de l'INSERM, Yves Lévy, a démissionné du comité de pilotage de l'étude en critiquant le manque de rigueur méthodologique de l'expérimentation.
Pressions
Mediapart a révélé le 16 septembre les pressions exercées par les représentants de l'industrie agroalimentaire et de la grande distribution. Dans une lettre envoyée au ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, en juin dernier, l'Association nationale des industries alimentaires (ANIA) et la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) ont demandé à « mettre fin » à l'étude dirigée par le Pr Hercberg et visant à mesurer l'efficacité de Nutri-score. Trois jours plus tard, Stéphane Le Foll a répondu à Mediapart, assurant que les industriels n'ont pas le pouvoir de faire cesser les recherches scientifiques indépendantes en nutrition. Serge Hercberg s'est dit choqué par « cette tentative d'interférence sur la recherche publique », tandis que la FCD se défendait de toute remise en cause des travaux scientifiques. Son objectif était de stopper « les actions de communication qui risqueraient de fausser les résultats de l'expérimentation ».
Ces résultats devraient être connus à la fin de l’année et « permettront à la France d’être force de proposition pour les discussions qui se tiendront fin 2017 à Bruxelles, pour une harmonisation au niveau européen », précise Benoît Vallet. Il rappelle que l'étiquetage retenu sera « facultatif ».
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