Dans une interview accordée au « Quotidien du médecin », le nouveau président du Conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM), le Dr François Arnault, s'est dit favorable à un recours plus important à la délégation de tâches afin de libérer du temps médical.
Longtemps opposé à l'idée de voir des compétences dévolues aux médecins confiées à d'autres professionnels de santé, et notamment aux pharmaciens, le Conseil national de l'Ordre des médecins a décidé de revoir sa copie. Par la voix de son président, le Dr François Arnault, élu à la fin du mois de juin, l'instance ordinale se prononce clairement en faveur de la délégation de tâches. « C'est une évolution importante de la position ordinale », a reconnu le Dr Arnault, conscient que l'instance qu'il préside va devoir proposer des solutions pour répondre à la problématique de l'accès aux soins. « En août, l'Ordre a mis sur la table une proposition qui consiste à dire que l'équipe de soins doit être coordonnée par le médecin, sous sa responsabilité, quant au diagnostic, au choix thérapeutique et aux moyens mis en œuvre pour une prise en charge optimisée du patient. Et le gain de temps médical sera d'autant plus important si cette équipe parvient à trouver une organisation qui répartira, selon les compétences de chacun, le maximum d'actes du médecin vers les autres professionnels de santé », a-t-il expliqué.
Alors que la crise sanitaire a ébranlé le moral des praticiens, le Dr Arnault, qui souhaite « redonner de l'espoir et de la considération » à sa profession, estime même que « l'équipe de soins coordonnés permet de réhabiliter le rôle des médecins ». Cette délégation de tâches doit cependant s'accompagner de certaines contreparties, souligne le président du CNOM. « Nous demandons que le rôle central d'animateur (du médecin) soit reconnu et que des consultations longues soient mieux définies et revalorisées financièrement. »
Alors que le sujet de la liberté d'installation des médecins fait plus que jamais débat au sein de la société, le président du CNOM a en revanche insisté sur son opposition ferme à toute forme de mesures coercitives. Ce serait « un très mauvais message (envoyé) aux jeunes médecins, juge-t-il. Cela va les éloigner de ce métier alors que notre objectif est de rendre attractif l'exercice de la médecine générale dans les territoires. Je sais que la population attend la coercition mais ce n’est pas la solution », tranche le Dr Arnault.
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