En Normandie

Des ateliers thérapeutiques animés par des pharmaciens

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Publié le 03/12/2018
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L'éducation thérapeutique a déjà plusieurs années en Normandie, et cherche à impliquer les professionnels de santé de ville. Des pharmaciens ont répondu présents.
ETP en Normandie

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Crédit photo : JGravend

« Nous sommes des professionnels du médicament, mais aussi des professionnels de santé, affirme Nicolas Spruytte, pharmacien à Condé-en-Normandie (Calvados, ex Condé-sur-Noireau). On parle souvent du traitement, mais celui-ci ne fonctionne que s'il est accompagné de mesures de santé. » C'est pourquoi ce confrère normand s'apprête à redémarrer un cycle d'ateliers thérapeutiques pour des patients souffrant de maladies cardiovasculaires.

Catherine Desplatz, adjointe dans la même ville, vient de reprendre l'animation d'un atelier sur le diabète, à Condé également. Son expérience remonte déjà à plusieurs années. L'atelier diabète s'adresse à des malades de type 1 ou de type 2, connus et dirigés par des médecins, sur prescription. L'atelier durera quatre séances, chacune de 1 h 30, tous les quinze jours. On étudiera comment mieux connaître le diabète et le traitement, avoir une alimentation équilibrée, prendre soin de ses pieds, voir un podologue, et reprendre une activité physique au quotidien.

« Ces ateliers s'adressent à des malades volontaires, six à sept par atelier, pour leur montrer qu'ils peuvent être encadrés, entourés, et aidés dans leur maladie. Le diabète est une maladie insidieuse, détectée par une prise de sang, mais c'est une maladie évolutive », rappelle Catherine Desplatz.

Partages d'expériences

Les réunions, tenues dans un pôle santé de la ville, donnent lieu à des tours de table, à des échanges, des partages d'expériences. Catherine Desplatz a elle-même suivi une formation à Vire, en 2006. Elle y a appris à mener un groupe, à « rester dans le cadre », à apprendre à écouter, à mettre les gens à l'aise, à faire montre « d'empathie ».

La maladie les a fait s'intéresser à leur corps, à la fonction du pancréas ; l'atelier veut les amener à mieux comprendre le rôle de l'alimentation, de leur condition physique, l'usage du médicament. La discussion entre eux, le partage, leur sont nécessaires. Ils ont même décidé de se retrouver pour un groupe de marche. « L'éducation thérapeutique permet de s'investir dans un programme de santé, poursuit-elle. On est tenu de s'informer pour apporter un conseil, et c'est intéressant pour exercer notre métier de pharmacien. »

Complémentarité

Ces ateliers sont organisés par l'Espace régional d'éducation thérapeutique (ERET), une association régionale dont l'antenne locale est à Flers (Orne), abritée par le centre hospitalier. « L'objectif est de favoriser la prise en charge en ambulatoire, d'aller vers les patients plutôt que de les amener vers l'hôpital, précise Annabel Marie, diététicienne à l'hôpital de Flers et coordinatrice de l'ERET. À Condé, les gens ont envie de travailler ensemble, et les libéraux sont très proches des patients sur le terrain. C'est ce qui intéresse les médecins hospitaliers, c'est une recherche de complémentarité. »

Les ateliers de cette saison vont donc concerner les maladies cardiovasculaires, trois réunions de trois heures animées par Nicolas Spruytte, le diabète, quatre réunions de 1 h 30, déjà démarrées et animées par Catherine Desplatz, l'alimentation, animée par une diététicienne, et le plaisir de bouger, quatre fois une heure, avec Nicolas Spruytte et une animatrice sportive. « Je suis convaincue que, grâce aux professionnels libéraux, on arrivera à toucher les malades les plus éloignées du système de santé », affirme Annabel Marie.

Jacques Gravend

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3478