L’ÉTUDE dirigée par le Pr Benoît Allenet, du CHU de Grenoble, est unique en France. Pendant deux mois, le groupe « Éducation thérapeutique » de la société française de pharmacie clinique (SFPC) a cherché à mesurer, quel que soit leur lieu d’exercice, l’implication des pharmaciens dans les programmes d’éducation thérapeutique du patient (ETP). Pour y parvenir, Audrey Lehmann, Magali Baudrant et Audrey Janoly-Dumenil, ont élaboré un auto-questionnaire mis en ligne et relayé par mail aux membres de la SFPC, de l’AdiPH (1), du Synprefh (2), de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) ainsi qu’aux lecteurs du « Quotidien du Pharmacien » (notre édition du 22 avril 2013). Au total, 396 actions éducatives ont été recensées. Toutefois, 168 réponses étant incomplètes, les auteurs de l’enquête n’ont exploité que 228 d’entre elles.
L’un des premiers enseignements est le taux de participation relativement important des officinaux aux programmes d’ETP. En effet, ils sont impliqués dans 27 % des actions réalisées. Sur les 61 démarches éducatives auxquelles participent les pharmaciens exerçant en ville, 51 ont lieu à l’officine ; les autres sont réalisées à l’extérieur (réseaux de soins, par exemple). Plus généralement, les pharmaciens (hospitaliers ou d’officine) sont à l’initiative des projets dans 38 % des cas. Des projets qui, selon l’étude de la SFPC, concernent essentiellement les domaines des maladies cardio-vasculaires (21 %), de l’endocrinologie (20 %), de l’infectiologie (10 %), de la psychiatrie (9 %) et de la rhumatologie (7 %). Plus de huit fois sur dix, les actions éducatives sont proposées aux patients hospitalisés (82 %), plus d’une fois sur deux également aux malades non hospitalisés (53 %) et six fois sur dix le programme s’adresse aussi à son entourage (58 %).
Des points à améliorer.
Au-delà de l’implication des confrères dans des démarches éducatives, l’étude permet de relever les points qui restent à améliorer, comme dans le domaine de la formation. En effet, l’enquête pointe que « sur les 176 pharmaciens, 64 ont suivi la formation requise en ETP (40 heures), 47 possèdent une formation de niveau 2 (type diplôme universitaire), et 9 une formation de niveau 3 (type Master, doctorat d’Université…) ».
Autre exemple : les contraintes financières. L’étude montre ainsi que 42 % des actions éducatives sont réalisées sans aucun moyen financier spécifique, alors même qu’elles sont chronophages pour les professionnels. « Le temps dédié déclaré par les pharmaciens est en moyenne de 7 heures par mois », rapporte Audrey Janoly-Dumenil, praticien hospitalier au CHU de Lyon.
Quoi qu’il en soit, « ces résultats montrent que les pharmaciens français s’impliquent dans les démarches éducatives à l’hôpital comme en ville, avec un niveau de formation en ETP variable, et dans un contexte financier contraint », concluent les auteurs.
« Nous aimerions encore « creuser » pour préciser le contenu des démarches déclarées, explique Audrey Janoly-Dumenil. La cartographie précise des ressources éducatives sera précieuse pour le partage des expériences éducatives et des outils pédagogiques. En particulier, cela peut aider les confrères qui souhaitent initier une démarche. » Pour les auteurs, ce premier état des lieux en France détermine trois axes d’actions futures : encourager la formation des pharmaciens, favoriser les « pratiques collaboratives » pluri-professionnelles et pluridisciplinaires et évaluer les pratiques. Comme dans beaucoup d’autres domaines, les pharmaciens affichent ici leur volonté d’être moteur.
(2) Syndicat national des pharmaciens des établissements publics de santé.
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