• AVK
Depuis fin juin 2013, les pharmaciens peuvent accompagner les patients sous anticoagulants oraux. Prévue dans l’avenant n° 1 à la convention pharmaceutique, cette nouvelle mission vise à réduire l’incidence des accidents iatrogéniques chez les patients chroniques sous traitements par anticoagulants oraux. L’enjeu est aussi d’améliorer leur observance, afin d’éviter les 17 000 hospitalisations et près de 4 000 décès annuels dus à des accidents iatrogéniques liés à ces médicaments. Pour commencer, seuls les patients sous traitement par antivitamine K (AVK) sont concernés, mais l’accompagnement pourrait être étendu par la suite à tous les patients sous anticoagulants oraux. Il repose sur des entretiens pharmaceutiques, rémunérés par l’Assurance-maladie à hauteur de 40 euros par an et par patient pour deux entretiens pharmaceutiques au cours de l’année civile de référence. Ou au minimum un entretien, si le patient s’inscrit au programme au cours du second semestre. Le versement de la rémunération est effectué au cours du premier semestre de l’année n+1, sur la base des entretiens pharmaceutiques réalisés au cours de l’année n.
• Angine, grippe glycémie
Depuis juin 2013, le pharmacien est autorisé à pratiquer trois tests de dépistage : le test d’évaluation capillaire de la glycémie, le test oropharyngé d’orientation diagnostique des angines à streptocoque du groupe A et le test nasopharyngé d’orientation diagnostique de la grippe. Ils doivent tous être réalisés dans un espace de confidentialité. Le pharmacien doit suivre une procédure d’assurance qualité, qui prévoit notamment une fiche de procédure qualité à remplir, mais aussi une traçabilité de l’utilisation des tests. Il faut notamment inscrire dans chaque dossier de patient le résultat du test, mais aussi des informations sur le test employé (numéro de lot et informations sur le dispositif médical de diagnostic in vitro utilisé), la date et l’heure de réalisation du dépistage et l’identification de l’opérateur. Aucune rémunération n’est prévue pour le pharmacien à l’heure actuelle, mais les syndicats ont interpellé la Caisse nationale d’assurance-maladie pour y remédier. Ils demandent notamment à pouvoir commander gratuitement leurs tests à l’assurance-maladie comme les médecins peuvent le faire.
• Éducation thérapeutique du patient (ETP)
L’éducation thérapeutique du patient (ETP) est l’une des nouvelles missions prévues par la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST). Elle n’a cependant rien à voir avec l’accompagnement des patients chroniques, tel que le suivi des malades sous AVK. Il s’agit plutôt de programmes éducatifs pluriprofessionnels, destinés à aider les patients chroniques à mieux connaître leur maladie, afin de mieux la gérer. Tous les pharmaciens sont autorisés à s’impliquer dans un programme d’ETP, qu’ils exercent à l’officine ou à l’hôpital. En pratique, pour y participer, l’officinal doit suivre une formation d’au moins quarante heures d’enseignements théorique et pratique, ou justifier d’une expérience de deux années au minimum dans ce domaine. Il doit également travailler au sein d’une équipe, avec au moins deux praticiens de professions différentes. Le programme d’ETP doit obligatoirement compter un médecin, mais le pharmacien peut néanmoins en assurer la coordination. Le programme doit en outre être validé par l’ARS (Agence régionale de santé) et se décliner en trois étapes : un diagnostic ou bilan éducatif pour analyser les besoins des patients et établir des objectifs éducatifs personnalisés ; des séances d’éducation proprement dites, et enfin une évaluation de l’atteinte des objectifs fixés.
• Renouvellement de pilule
Depuis juillet 2012, le pharmacien a la possibilité de délivrer à ses patientes des contraceptifs oraux pour une durée de traitement supplémentaire non renouvelable de six mois. Cela permet d’éviter la rupture de traitement contraceptif en attendant une prochaine prescription. Pour cela, la patiente doit présenter une ordonnance datant de moins d’un an. En pratique, il n’est pas possible de délivrer en une seule fois une quantité de médicaments correspondant à une durée de traitement supérieure à trois mois. Par ailleurs, il faut procéder à l’enregistrement de cette délivrance dans les conditions habituelles et porter sur l’original de l’ordonnance, outre les mentions obligatoires, la mention « dispensation supplémentaire de contraceptifs oraux » et en préciser la durée. Ainsi, la patiente pourra bénéficier d’un remboursement par l’assurance-maladie. Il faut néanmoins penser à l’informer du caractère non renouvelable au-delà de six mois de ce mode de dispensation et de la nécessité de consulter un médecin ou une sage-femme, si elle envisage de poursuivre une contraception médicamenteuse.
• Délivrance de la contraception d’urgence
Depuis 2002, le pharmacien est aussi chargé de la délivrance de contraception d’urgence aux mineures. Le texte précise que « la délivrance par le pharmacien est précédée d’un entretien visant à s’assurer que la situation de la personne mineure correspond aux critères d’urgence et aux conditions d’utilisation de cette contraception. L’entretien permet également au pharmacien de fournir à la mineure une information sur l’accès à une contraception régulière, sur la prévention des maladies sexuellement transmissibles et sur l’intérêt d’un suivi médical. Cette information est complétée par la remise de la documentation dont dispose le pharmacien sur ces sujets. Il communique également à la mineure les coordonnées du centre de planification ou d’éducation familiale le plus proche ». Lorsque la délivrance a été effectuée, le pharmacien « adresse à la caisse d’assurance-maladie dont il dépend une facture établie sur une feuille de soins ne comportant pas l’identification de l’assuré et du bénéficiaire et utilisant un support papier, sur laquelle est collée la vignette de la boîte délivrée. Cet envoi peut faire l’objet d’une transmission électronique ». Afin de conseiller au mieux les patients, le pharmacien peut lui proposer un kit de contraception et lui donner le numéro d’urgence « fil santé jeune », 3224, qui est anonyme et gratuit pour les jeunes. Cela peut permettre de susciter le dialogue et de faciliter l’échange.
• Pharmacien référent
L’arrêt de l’expérimentation sur l’introduction du budget médicament dans le forfait de soin des Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), en juin 2013, a conduit à la fin de l’indemnisation des pharmaciens référents qui y participaient. Néanmoins, ceux qui avaient déjà mis en place ce type de collaboration avec des EHPAD ont souvent continué à le faire. Leurs missions sont notamment d’éviter l’iatrogénie, de participer à l’élaboration de la liste des médicaments à utiliser préférentiellement dans l’EHPAD, de concert avec le médecin coordonnateur, et de veiller à un meilleur suivi des patients. Un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), rédigé par Pierre Naves et Muriel Dahan, a montré l’intérêt du pharmacien référent ainsi que celui de son binôme avec le médecin coordonnateur et le rapport Verger est également parvenu à la même conclusion. Par ailleurs, l’Ordre des pharmaciens rappelle que « la préparation des doses à administrer (PDA) est autorisée par le code de la santé publique (CSP) » (art. R 4235-48-2). Les pharmaciens peuvent donc la pratiquer en toute légalité. Néanmoins, les textes officiels se font toujours attendre, notamment la convention-type EHPAD-officine, mais aussi le décret sur la PDA et l’arrêté de bonnes pratiques. De même, la rémunération n’a encore jamais été fixée pour ce genre de mission, alors que les syndicats réclament 1 euro par patient et par jour pour la PDA.
• Pharmacien correspondant
Mesure phare de la loi HPST, le pharmacien correspondant semblait être complètement tombé dans l’oubli, suite à une forte levée de boucliers des médecins. Le principe de cette mission avait pourtant été détaillé dans un décret paru au Journal officiel en avril 2011 : un patient, dans le cadre d’un protocole portant sur un traitement chronique, peut désigner un pharmacien d’officine comme correspondant. Ce dernier pourra alors « à la demande du médecin, ou avec son accord, renouveler périodiquement le traitement concerné, ajuster au besoin sa posologie au vu du bilan de médication qu’il a effectué, selon un rythme et des modalités définis par le protocole ». Il semblerait finalement que cette mission n’ait pas totalement été abandonnée. D’après Martial Fraysse, membre de l’Ordre national des pharmaciens « des discussions sont en cours entre une pharmacienne des Hauts-de-Seine et la HAS pour devenir pharmacien correspondant de patients pour le suivi des AVK ».
• Asthme
Dans le cadre de la convention, un avenant permettant l’accompagnement des patients asthmatiques a été signé en juin 2014 entre la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et l’assurance-maladie. Il concerne dans un premier temps les patients chroniques en initiation ou en reprise de traitement, présentant une prescription de corticoïde inhalé. Comme pour les AVK, les officinaux recevront un forfait de 40 euros par patient et par an, à condition de réaliser au moins deux entretiens pharmaceutiques au cours de l’année civile de référence, ou au minimum un entretien, si le patient adhère au programme au cours du second semestre.
- Diabète
Enfin, le suivi du diabète devrait également être une prochaine mission pour les officinaux, mais les discussions à ce sujet n’ont pas encore commencé. À l’avenir, le rôle de premiers recours et d’accompagnement des officinaux devrait donc continuer à s’élargir…
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