L’Autotest VIH arrive enfin en pharmacie lundi prochain. S’il s’agit bien d’un test que les usagers réaliseront eux-mêmes (et pas à l’officine), le pharmacien est appelé à jouer un rôle particulier quant à sa délivrance. Car la maladie visée est loin d’être anodine. Ainsi, tous les acteurs du secteur sont unanimes et recommandent aux confrères d’insister sur les informations primordiales : sensibiliser aux limites de l’autotest, notamment l’absence de fiabilité d’un résultat négatif si le patient a pris des risques dans les trois mois précédents le test ; repérer les situations d’urgence et orienter vers une structure adaptée. Il est également nécessaire d’expliquer en détail le fonctionnement de l’autotest, qui délivre un résultat en 15 minutes. Les partenaires habituels de l’officine ont proposé des formations complètes aux équipes. C’est par exemple le cas d’Alliance Healthcare, qui met en place des soirées de formation en région depuis le 2e trimestre 2015. Chaque réunion rassemble une centaine de pharmaciens autour d’un médecin spécialiste du VIH, du fabricant de l’autotest et d’un confrère impliqué dans un réseau de soins. Pour rechercher une formation, l’Ordre des pharmaciens conseille de se rendre sur le site www.sfls.aei.fr ou de s’adresser à sa coordination régionale de lutte contre le VIH (Corevih).
En complément des formations proposées tous azimuts ces derniers mois aux pharmaciens, plusieurs instances officielles ont élaboré des documents d’accompagnement pour les professionnels de santé en contact avec les utilisateurs potentiels de l’Autotest VIH. C’est le cas de la Haute autorité de santé (HAS) qui a publié un document d’informations sous forme de questions-réponses, abordant les aspects généraux du dépistage du VIH, les points spécifiques de l’utilisation de l’autotest et les messages clés à délivrer à l’usager. Le Cespharm, en collaboration avec la Société française de lutte contre le sida (SFLS) a également réalisé une fiche pratique à usage professionnel sur la dispensation de l’Autotest VIH, qui reprend notamment les différentes solutions de dépistage existantes et leurs conditions de fiabilité.
Bonne nouvelle
L’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) estime cependant qu’il faut aller plus loin en mettant en place des « entretiens pharmaceutiques rémunérés concernant la contraception, le HIV et les MST ». Elle conseille à tous ses adhérents de se former et indique qu’après concertation avec le ministère de la santé et les syndicats de pharmaciens, chaque utilisateur de l’autotest VIH doit se voir remettre, en même temps que la délivrance, une boîte à aiguilles pour y déposer le test une fois utilisé. Et cela même si la gestion de ces déchets n’a pas encore été encadrée ; elle doit être précisée dans la future loi de santé.
Du côté des associations de lutte contre le sida, l’arrivée des autotests VIH en pharmacie est une bonne nouvelle attendue de longue date. Certaines parlaient même d’arlésienne et enviaient les États-Unis, où un autotest est disponible en officine depuis 2012. D’ailleurs, la société AAZ qui commercialise cet autotest précise qu’il « a fait l’objet d’études préalables grâce au concours des associations nationales AIDES et HF Prévention » et qu’il est soutenu par Sida Info Service « pour assurer l’accompagnement des futurs utilisateurs en matière d’écoute, d’orientation et d’aide à la réalisation via sa plateforme téléphonique anonyme et gratuite ».
Pour les associations, l’Autotest VIH est un outil supplémentaire de dépistage, qui permettra de banaliser davantage le dépistage du VIH et de toucher un plus grand nombre de personnes. Selon l’association AIDES, près de 30 000 personnes ignorent aujourd’hui leur séropositivité en France. Pour réduire leur nombre, l’une des meilleures stratégies est de multiplier les outils de prévention disponibles auprès des publics concernés. De son côté, le fabricant précise avoir bénéficié du savoir-faire de la société sœur Nephrotec, à l’origine des TROD (test rapide d’orientation diagnostic) VIH « reconnus et utilisés dans toutes les structures de dépistage par TROD en France ». Il ajoute que l’Autotest VIH fait partie d’une gamme de produits baptisée autotest santé, « qui comprend le premier autotest de la fertilité pour l’homme », SpermCheck Fertlity, ainsi que « le premier autotest de dépistage d’intolérance au gluten », sous le nom de Biocard Celiac Test.
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