Des pharmacies des départements de l’Hérault et de la Seine-Maritime ont reçu en septembre un courrier leur indiquant qu’elles pouvaient délivrer un vaccin antigrippal avant la date officielle de la campagne de vaccination, dès lors qu’elles disposaient d’un stock de vaccins et que l’assuré présentait le bon de prise en charge de l’assurance-maladie. Un couac désormais résolu.
Pointé du doigt, le syndicat des pharmaciens de l’Hérault, affilié à la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), s’étonne de l’ampleur de la réaction qu’il a suscitée. « Depuis 10 ans, en commission paritaire locale (CPL), nous déplorons l’inadéquation entre la date de réception du bon de prise en charge par les assurés et la date de livraison des vaccins antigrippaux à l’officine, d’une part, et la date du début de la campagne de vaccination, d’autre part. Et depuis 10 ans, lors de cette CPL qui réunit des représentants de la caisse primaire d’assurance-maladie et des représentants des syndicats de pharmaciens – en l’occurrence 6 membres de la FSPF et 2 de l’USPO – nous validons à l’unanimité la possibilité pour les pharmacies de délivrer le vaccin aux personnes munies d’un bon avant le début de la campagne, dès lors que les vaccins sont disponibles », explique au « Quotidien » Frédéric Abécassis, président du syndicat des pharmaciens de l'Hérault. Rien de nouveau sous le soleil héraultais donc, mais il semble que les instances nationales n'aient découvert que récemment cette entorse à la doctrine.
Après cette CPL qui s’est tenue le 14 septembre à Montpellier, le syndicat a envoyé un compte rendu de la réunion à ses adhérents dans lequel figurait la possibilité de délivrer précocement le vaccin antigrippal. « Attention, nous ne faisons pas la promotion d’une délivrance précoce et nous ne proposons pas aux patients de les vacciner avant le début de la campagne, précise Frédéric Abécassis. Il s’agit simplement d’une souplesse permettant aux pharmaciens de délivrer ce vaccin aux patients munis d’un bon et qui en font expressément la demande. Pour les patients que nous voyons tous les trois mois et qui viennent fin septembre avec leur bon, il semble plus judicieux de leur délivrer le vaccin, puisque nous en avons en stock, plutôt que leur demander de revenir, au risque qu’ils ne se vaccinent finalement pas. » Une doctrine partagée au niveau local, mais pas au niveau national. Ce qui a poussé le ministère de la Santé, lors d’une réunion de travail le 30 septembre dernier, à rappeler que la vaccination antigrippale ne doit pas débuter avant le 13 octobre.
« Nous avons repris contact avec la CPAM de l’Hérault et envoyé un courrier à toutes les pharmacies du département pour leur demander d’arrêter toute délivrance du vaccin avant le début de la campagne. Selon la CPAM, seulement 20 vaccins antigrippe ont été délivrés, et sur présentation d’un bon de prise en charge, donc uniquement dans la population cible », remarque Frédéric Abécassis. Et celui-ci de déplorer : « Notre façon de faire était parfaitement transparente, nous n’avons rien caché, la décision a été prise à l’unanimité en CPL. Je trouve hypocrite le fait que, dans d’autres départements, les pharmacies délivrent le vaccin avant la campagne mais attendent le 13 octobre pour facturer, les CPAM ne sont pas dupes. »
De son côté, Philippe Besset, président de la FSPF, rappelle que la doctrine nationale doit prévaloir. « La date du début de la campagne de vaccination contre la grippe est décidée par la commission technique des vaccinations de la Haute Autorité de santé (HAS) et s’appuie notamment sur la problématique de l’immunosénescence de la personne âgée, qui peut raccourcir l’efficacité du vaccin à quelques mois. Or, si la personne est vaccinée trop tôt, en septembre, et que l’épidémie se déclare tardivement, en février, elle risque de ne plus être protégée. »
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