Qu’il s’agisse de produits phytosanitaires, cosmétiques ou alimentaires, les industriels mettent sur le marché, chaque année, de nouvelles substances chimiques, potentiellement nocives. En moyenne, 200 substances étrangères à notre organisme (appelées xénobiotiques) couleraient, ainsi dans nos veines, sans que l’on en mesure réellement l’impact sur notre santé.
« Le tabac est un bel exemple de pourvoyeur de xénobiotiques : plus de 4 000 substances chimiques sont dégagées par la fumée de cigarette dont plus d’une cinquantaine sont classées cancérogènes », souligne Laurence Vaton, docteur en chimie, fondatrice et responsable de LV Environnement, cabinet de conseil spécialisé en santé environnementale et développement durable.
Comme l’adulte, l’enfant est confronté au quotidien aux polluants qui peuvent avoir un effet sur sa santé et sur celle de sa descendance, à long terme. « Pour des raisons biologiques, l’enfant est particulièrement sensible aux agressions des agents environnementaux. Par ailleurs, son comportement (marche à 4 pattes, mains dans la bouche, tétines...) l’expose davantage aux différents polluants qui l’entourent », indique Laurence Vaton. Parmi ces polluants, les perturbateurs endocriniens (bisphénol A, certains phtalates, parabènes ou pesticides...) sont particulièrement pointés du doigts. Ingérés ou inhalés, même à faibles doses, ils présentent des dangers potentiels pour la santé, « la vie foetale et les 1 000 premiers jours de vie sont des périodes particulièrement à risque. À court terme, les perturbateurs endocriniens peuvent engendrer différents troubles et maladies lors de l’enfance ou la puberté : baisse de QI, autisme, hyperactivité, asthme, puberté précoce... », rappelle Laurence Vaton.
De plus en plus de substances interdites
Face à la forte augmentation de la prévalence de maladies chroniques pouvant être liées à des facteurs environnementaux, l’OMS a, récemment tiré la sonnette d’alarme. De fait, environ 10 à 16 % des enfants sont asthmatiques, 1 enfant sur 4 présente une allergie*.
Par ailleurs, en 25 ans, le nombre de cas de diabète de type 1 a doublé. Quand au diabète de type 2, il se déclare de plus en plus jeune, dès l’âge de 20 ou 30 ans. L’obésité, l’autisme et les malformations génitales chez les garçons sont également en constante augmentation.
Chaque année, entre 100 000 et 140 000 substances chimiques – certaines, potentiellement nocives pour la santé – sont mises sur le marché en Europe. « Aujourd’hui, le problème, c’est que l’on connait – de façon approfondie – la toxicité de 3 000 à 5 000 substances chimiques », affirme la chimiste. Et, chaque année, la liste des substances interdites en Europe ne cesse de s’allonger. « Face à ce constat, il est urgent d’agir pour améliorer les connaissances des parents – et de tous les Français – en santé environnementale afin qu’il puissent améliorer la qualité de leur alimentation et adopter des gestes sains chez eux (choix des produits d’entretien, de rénovation, du matériel de puériculture, des jouets...), au quotidien », conclut Laurence Vaton. Dans ce cadre, l’Institut Mutualiste Montsouris (IMM) organise des ateliers pratiques gratuits – dédiés, en priorité aux femmes enceintes et jeunes parents – pour les sensibiliser à l’impact sur la santé des polluants de l’environnement et les aider à trouver des solutions alternatives, au quotidien.
* source : InVS
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